La Fête des Lumières, Jean-François Zurawik l'a porté haut

Jean-François Zurawik, maître d'œuvre de la Fête des Lumières depuis 2005, est décédé hier à 67 ans. L'Alsacien, à qui Gérard Collomb avait confié cet événement, a été retrouvé mort à son domicile. Il était l'un des précurseurs du mapping vidéo. Des artistes comme Damien Fontaine aux politiques de la cité comme Loïc Graber lui rendent hommage depuis ce vendredi matin. Nadja Pobel, qui couvre chaque année la Fête pour le PB, raconte ce qu'il a apporté artistiquement à la Ville de Lyon.


Sasn le connaître vraiment, on a beaucoup cotoyé Jean-François Zurawik, en de très nombreuses Fêtes des Lumières dont il avait fait ce qu'elle est depuis 2005, sous le premier mandat de Gérard Collomb.

Une certaine Najat Vallaud-Belkacem animait les conf' de presse et nous donnait le programme via sa délégation des grands événements, vie associative et jeunesse … Elle était une gamine.

On nous souffle qu'elle n'a pas fini de grandir par ici.

Avec ce maire, il a fait de Lyon une vitrine parfaite pour le tourisme : des gens débarquent de partout en cars, remplissent les hôtels, se gavent de vin chaud et nous oblige à déambuler fléchés dans notre ville (bien avant le Covid). Cette Fête, qui réunit presque deux millions de spectateurs, a aussi permis l'envolée des prix de Airbnb qui n'avaient plus de limites pendant quatre jours.

On n'a pas aimé ça, on l'a beaucoup écrit au PB. Mais on a aussi su décrire ce que Zurawik a fabriqué d'original par ici avant de l'envoyer dans des pays lointains qui avaient des sous (Les Émirats, la Chine...).

Car la Fête des Lumière et donc Zurawik (ou vice-versa), ça a aussi été des projets, petits et grands, marquants, d'artistes qui, depuis, ont bien grandi : la cabine téléphonique de Beneditto Bufalino, l'exploration marine de la voûte Perrache pour nous dire qu'un quartier se construisait plus au sud. C'était la direction de l'éclairage urbain (Jérôme Donna) qui signait ça comme elle avait fait un jardin d'enfants merveilleux sur la montée de la Grande-Côte. L'homme (Alain Bénini) qui réfléchissait à la façon d'éclairer les salles d'attente et d'opérations des HCL s'était aussi vu confier durant quelques années, avant qu'Eiffage s'en empare, l'Hôtel Dieu et c'était hyper chiadé.

Il y a eu le Polonais Milosh Luczynski, toujours sous Perrache pour un voyage en train, ou l'Allemand Christopher Bauder pour des bouts puissants d'éléctro dans la Cour de l'Hôtel de Ville et celle de la Région.

Et puis des projets étudiants partout sur les pentes ou vers Fourvière (tiens des Gilets jaunes avant l'heure), des artistes contemporains à la Guill' avant que les attentats de 2015 ne ramènent tout en Presqu'île (et que les prénoms des victimes du Bataclan ne défilent sur la façade du palais de justice dans un flot de larmes), les gosses de Theoriz qui ont commencé avec Pac Man caché vers la Part-Dieu. Et les stars Skertzo, Damien Fontaine, Daniel Knipper omniprésents… Les Anooki. On la chante encore leur comptine débile qui rendait l'opéra magnétique. Et le génie EZ3kiel, le même qui faisait un concert sous la verrière des Subs début octobre pour un public contingenté et couché et qui en chialait presque l'autre soir sur France 3, nous a renversé par son inventivité sur la cathédrale Saint-Jean en 2016.

Alors, la Fête des Lumières a mille défauts - dont des shows souvent tarte à la crème à la Tête d'Or et elle a vieilli, rattrapée par d'autres villes dans le monde selon les dires d'artistes qui restent anonymes -  mais elle ne peut pas être résumée à un défilé de beaufs. Jean-François Zurawik l'a porté haut. Et c'était un temps où on pouvait sortir. Temps révolu.


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