Résister aux clichés

Cette exposition — dont l'ouverture était prévue en juin — s'ouvre désormais sur un parcours dense qui explicite une défaite express.


Une étrange défaite ? Le CHRD et le commissaire Gilles Vergnon rajoutent un point d'interrogation à cette formule de l'historien Marc Bloch, en se demandant si ces six semaines (du 10 mai au 25 juin 1940) ne furent pas, surtout, une « étrange victoire » allemande. Scindée en trois axes (ocre pour les combats au front, bleu pour l'aspect politique et rouge pour les populations civiles), cette exposition foisonnante permet d'appréhender une époque surtout connue par des images — comme celles de la 7e compagnie où le soldat français est perçu comme inefficace et frivole.

Bien sûr, elle va plus loin, une fois faites les présentations des militaires (vestimentairement et en nombre). Il est question des conséquences de cette guerre éclair et des presque dix millions de civils obligés de fuir leur domicile comme le documentent ces dessins d'enfants faits à l'école, chargés de couleurs et de douleurs. Jeux interdits, évoqué ici, en est aussi le reflet.

Et de façon plus raide et aride sont présentés des carnets de soldats. 104 579 d'entre eux mourront au combat dont 58 000 Français. Par-delà l'avènement de Pétain (voir les nombreuses affiches édifiantes de propagande), le CHRD évoque l'accueil des réfugiés à Montauban par exemple, qui devient belge, car ces voisins deviennent plus nombreux que les locaux. Vertige de l'Histoire qu'il faut regarder à la loupe pour prendre du recul. C'est aussi le sens de la présence en fil rouge de la BD de Pascal Rabaté, La Déconfiture, la première consacrée à ce sujet — parue en 2016.

Une étrange défaite ?
Au CHRD jusqu'au dimanche 21 mars


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