« Aussi compliqué que se remixer soi-même »

Même si c'est une première partie, c'est l'un des événements des Nuits de Fourvière : la transposition du fabuleux InBach d'Arandel sur scène. Avec pour ce concert lyonnais, une pléiade d'invités et des arrangements de cordes. Un événement qui se double de la sortie d'InBach vol.2 composé d'inédits de la rencontre Bach/Arandel.


Comment as-tu mis au point ce live d'InBach ?
Arandel : Au départ, c'est un projet en trio avec Ornette aux claviers qui s'occupe de toutes les parties de Bach. Je voulais qu'il y ait quelqu'un sur scène pour les jouer, que ce ne soit pas uniquement de l'électronique ou des bandes. Il y a aussi Flore aux machines et moi sur plusieurs instruments, du chant, de la flûte, des claviers, de la batterie. On joue majoritairement InBach mais aussi quelques morceaux des albums précédents qui trouvaient leur place, ce qui n'était pas évident. Avant les live d'Arandel, c'était 1h10 sans pause, les morceaux étaient fondus, enchaînés, dans un format plus club. Là, c'est plus classique avec des pauses pour respecter les morceaux de Bach.

À Fourvière c'est un peu spécial, avec des invités présents sur l'album...
Oui, l'an dernier, on devait avoir ce live à Days Off à la Philharmonie de Paris. C'est le projet qu'on avait vendu à Fourvière mais les deux concerts ont été repoussés. Comme invités il y aura Barbara Carlotti, Emmanuelle Parrenin qui vient jouer de la vielle, Julien Gasc à la basse, et le quatuor Emana que nous a présenté Richard Robert [ancien programmateur des Nuits, désormais à l'Opéra Underground]. Des arrangements ont été écrits par Jiri Heger et Mélie Fraisse.

Ce quatuor et ces arrangements sont-ils un retour au baroque originel ?
Les arrangements viennent compléter ce qu'on a enlevé des instruments. En le transposant sur l'album puis pour le live, on avait doublement pris de la distance avec Bach, mais de remettre des arrangements de cordes refait le lien avec Bach, c'est une espèce de colle qui fait que les choses commencent à être à leur place avec les cordes. Je suis d'ailleurs beaucoup plus confiant pour le concert de Fourvière que pour les concerts en trio.

Un Bach saturé, sale

Techniquement, est-ce que ça a été compliqué de transposer le disque pour ces concerts en trio et avec invités ?
Très compliqué. Jusqu'à maintenant les transpositions des morceaux d'Arandel pour le live était faciles puisque tous les morceaux sont en ré et qu'on les fondait les uns dans les autres. Là, chaque morceau a été pensé autour d'un invité ou d'un instrument particulier et je savais que je ne voulais pas d'un live machine avec deux personnes derrière un ordi qui balancent des enregistrements de l'album. Il a fallu refaire le travail que j'avais déjà fait dans le sens de Bach vers l'album pour le faire de l'album vers le live. Sauf que je n'avais pas le recul qu'il fallait. C'était aussi compliqué que se remixer soi-même.

En parallèle du concert, un volume 2 d'InBach sort avec de nouveaux morceaux...
Oui, ce qui était prévu au départ c'était un EP de remixes et un peu plus tard un EP avec les morceaux non utilisés des sessions d'enregistrements. Et avec le confinement, le fait que l'on me parle de morceaux de Bach que je ne connaissais pas, j'en ai refait huit. D'un EP c'est devenu un album, on a recherché de nouveaux invités...

T'es-tu autorisé plus de choses sur ce deuxième volume ? Peut-être moins de déférence envers Bach ?
Je pense, parce que j'ai abordé beaucoup de ces morceaux avec la volonté d'expérimenter. Ne pas m'imaginer tout de suite que ça allait être pour un album, qu'il n'y ait pas de commande, qu'il n'y ait pas cette pression des instruments du Musée, ça a aidé. J'avais commencé à travailler Concerto for No Keyboard pour tester un synthé, à partir d'un morceau pas très inspirant pour moi. Je m'étais dit : je vais essayer de faire du Bach un peu acid. Je n'avais pas envie d'un truc propre qui respecte Bach. À tel point qu'en travaillant avec l'ingé son, on n'a pas trouvé de mix satisfaisant et on a gardé ma démo. Je voulais cet esprit-là, un Bach saturé, sale.

Arandel & invités
Au Théâtre Antique de Fourvière le dimanche 11 juillet (en première partie de Stephan Eicher)


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