Grégory Doucet : « je trouve ça très bien que la ville se réinvente en permanence »

Grégory Doucet ne s'était jusqu'ici pas exprimé au sujet de la transformation du site Fagor-Brandt en entrepôt TCL, voulue par son allié écologiste Bruno Bernard, président de la Métropole. Voici sa vision de la situation. 


Que pensez-vous de la décision de Bruno Bernard de transformer le site Fagor-Brandt en local TCL, ce qui laisse quatre structures culturelles SDF en 2023 ?
Grégory Doucet : Alors, rappelez-vous que l'utilisation de ce site a toujours été posée comme étant transitoire. Le site sera utilisable jusqu'en 2023 par les acteurs culturels, pour moi c'est une garantie, ça donne de la visibilité et c'est très bien. Et sur le fait que ce site industriel devienne un site Sytral pour lui permettre d'opérer notamment les tramways et les bus : ça répond aussi à un besoin de la collectivité. Il faut trouver le bon équilibre. Moi, pour être tout à fait honnête avec vous, je n'ai pas encore la copie définitive. Donc il faut voir ce qui va pouvoir encore être fait sur l'emprise, car elle est assez importante. Et on va commencer à réfléchir avec les acteurs culturels pour trouver d'autres endroits. De toute façon, je trouve ça très bien que la ville, et que ce qui se passait précédemment sur ce site et je pense notamment à la Biennale de la Danse, se réinvente en permanence. C'est aussi comme ça qu'on la fait vivre. 

Il n'y a plus beaucoup de friches sur Lyon et le risque, c'est que ces structures quittent la ville pour aller dans d'autres endroits de la Métropole.
Détrompez-vous : il y en a encore. À nous de continuer à inventer et réinventer la ville. Vous savez par exemple que là, on engage une réflexion sur comment réaménager la rive droite : ce ne sera pas demain et ça prendra un certain nombre d'années avant d'engager les travaux et de pouvoir en bénéficier, mais ça va aussi offrir d'autres perspectives. C'est important : faisons nous confiance, faisons confiance à la créativité notamment des milieux artistiques et culturels, pour trouver des tas d'autres façons de faire vivre la ville et notamment pour permettre à des acteurs comme ceux de la Biennale de trouver des lieux.

Et aucune inquiétude de votre part que plusieurs structures culturelles quittent Lyon ?
Non, parce que je fais confiance au dialogue que l'on va pouvoir instaurer. Vous savez, je suis en train de travailler à la préparation de la Fête de l'Eau. Aujourd'hui, il n'y a pas de lieu pour la faire. On est en train d'identifier des lieux, des formes, des formules, des modalités, pour pouvoir quand-même utiliser la ville telle qu'elle est et peut-être telle qu'elle sera demain : des évolutions vont continuer à se faire. 

Et quid de la promesse de la campagne électorale de EELV, incarnée par la maire du 7e Fanny Dubot dans une vidéo, de faire de Fagor-Brandt un lieu de vie, de culture, un lieu tourné vers l'artisanat ? Et à la place d'en faire un entrepôt de tramway, donc avec absolument zéro vie dans un quartier en pleine mutation ?
D'abord, il n'y a pas que cette emprise-là qui a vocation à évoluer. Tout ce grand quartier Girondins, La Mouche, tout ça est en train de bouger, vous venez de le dire très justement. D'autres emprises vont être amenées à évoluer dans le temps. Notamment à quelques centaines de mètres, je ne vais pas tout vous dire maintenant car des discussions sont en cours avec d'autres propriétaires, d'autres opérateurs. Et je vous le dit, je n'ai pas vu la mouture définitive de la taille de l'emprise qui va être utilisée par le Sytral, donc je vais regarder ça. Je pars du principe que quand un projet répond à un besoin de la collectivité comme celui-là, il faut pouvoir l'entendre. Oui, il y a un besoin de lieux culturels, de lieux de vie, pour l'artisanat, de lieux pour produire, car on ne veut pas que du tertiaire à Lyon, il faut aussi produire — mais il faut aussi des lieux pour la mobilité, et les tramways on ne  peut pas aller les mettre à Saint-Exupéry. Il faut qu'ils soient rapidement sur site pour ensuite circuler dans la ville. Tout ça il faut l'entendre. Notre boulot en tant qu'élus est de réussir à combiner tous les usages et de faire en sorte que l'on puisse aussi bien se déplacer que se cultiver et s'épanouir dans la ville.

La ville va continuer à vivre

Est-ce que ça ne va pas impliquer d'autres problèmes de nuisances sonores plus régulières, ce local de tramways ?
Oui, un tramway quand ça circule, ça fait un peu de bruit, mais ça circule déjà dans la ville un tramway : sur ce sujet-là faisons confiance aux architectes pour faire en sorte que le nouveau site ne génère pas de nuisances supplémentaires. 

Est-ce que l'on a toujours des friches dans Lyon qui vont pouvoir être développées ? Vous dites faire confiance à l'imagination... Mais est-ce qu'il reste des espaces ?
Il y a des friches, il y a encore des lieux sur lesquels des exploitations notamment temporaires peuvent être envisagées. Si vous regardez une carte de la ville, vous savez comme moi qu'il y a des lieux, des bâtiments notamment, qui aujourd'hui sont soit absolument pas exploités, soit sous-exploités. La ville va continuer à vivre et à se refaire. On sait qu'on a besoin de reconstruire. Il y a des opérations transitoires qui vont ressembler à ce que l'on a connu avec la Cité des Halles par exemple. Et puis il y a d'autres lieux qui permettront de faire autre chose, qui seront peut-être plus petits. Mais je fais confiance aux créateurs et aux artistes pour imaginer des choses. Et ne muséifions pas la ville non plus en disant, voilà ça a été fait alors finalement on l'entérine ! L'une des forces de la création artistique, c'est justement de savoir ne pas tomber dans le piège de l'institutionnalisation systématique. Je trouve que chercher de nouveaux lieux continuellement, c'est un petit aiguillon pour la créativité artistique.


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