Sidérant Powers


Dans une Amérique au bord du chaos et de la dictature, Theo, un astrobiologiste, tente d'élever son fils de 9 ans Robin, en proie à des troubles psychiques, et de le consoler de la mort de sa mère Alyssa comme de l'extinction de masse qui a cours.

D'une rare intelligence, le garçon est hypersensible et sujet à des accès de rage. Refusant les traitements chimiques, Theo préfère apaiser Robin en l'emmenant observer la nature dans la forêt et lui raconte des histoires de planètes inconnues aux formes de vie farfelues. Puis tente l'aventure d'une thérapie comportementale expérimentale faisant appel à l'intelligence artificielle, aux résultats spectaculaires.

C'est avec une maîtrise toujours aussi impressionnante que Richard Powers continue de jongler dans Sidérations avec sa passion pour les sciences et un sens de la narration terriblement poétique ; sa propension à prédire le réel — l'Amérique qu'il décrit est la même que celle qui a envahi le Capitole en janvier dernier, alors qu'il avait achevé son roman — et à composer des mondes enchantés — sublimes interludes consacrés à la vie sur des exoplanètes. Powers poursuit ici le virage entamé avec L'Arbre-monde, celui d'une littérature doucement militante qui aspire à un changement des consciences vers un retour à l'harmonie avec le « plus qu'humain ». Il livre surtout un roman déchirant, désespéré et métaphysique sur l'amour paternel, le deuil et notre rapport au vivant et à l'univers, bien plus fort qu'on ne le croit dans un final éblouissant qui rappelle ces vers d'Emerson le transcendantaliste : « que l'ombre étoilée qui tombe la nuit, leur fasse d'éternelles funérailles. »

Richard Powers,  Sidérations (Actes Sud)


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Richard Powers : “Nous devons remettre le “plus qu'humain” au coeur de l'histoire”