Folamour, le bob s'éclaire

Troisième album et passage à la maison, au Transbordeur, pour le Lyonnais Folamour, king de la house music élargissant le spectre de ses influences via son dernier album.


L'homme au bob a fait du chemin depuis ses soirées house concoctées avec les collectifs Touche Française puis Moonrise Hill Material, au Petit Salon en particulier, où il tâte alors des platines et convie les références du genre que sont Kerri Chandler, Moodymann et affine ainsi sa vision d'un genre profondément imprégné de gospel, de soul et de disco. Folamour, c'est lui dont on parle, débute alors une carrière de DJ et bientôt de producteur qui va le mener haut puisqu'on le retrouve les années suivantes sur les line-ups de festivals comme de clubs — Concrete, Rex Club, Machine du Moulin Rouge par  exemple — partout autour de la planète. L'oreille éduquée jeune au groove sous toutes ses formes, il en a d'autant mieux assimilé les racines de cette house music dont il fait le cœur battant de DJ sets finement ciselés. Le label manager de For Heaven Use Only, après tant de dates et deux albums (Umami en 2017, Ordinary Drugs en 2019, tous deux conçus comme des concept albums sur le thème de l'équilibre puis du voyage intérieur), une Boiler Room — ce The Voice des Djs — remarquée, était en pleine ascension quand vint l'année 2020 qui, évidemment, a coupé l'élan. Ou retardé l'envol : puisque la signature pour la distribution sur une major (Columbia,  qui appartient désormais à Sony et a dans son catalogue du Ray Charles et du Aretha Franklin, ce qui a dû lui plaire) a permis de peaufiner la sortie de ce troisième album que Folamour vient donc cette semaine défendre au Transbordeur, à la maison, juste après un Olympia parisien.

Installation immersive au Transbo

Un disque baptisé The Journey qui marque assurément une évolution, une nouvelle étape pour un producteur peu enclin à la répétition — il a ainsi abandonné ou presque le sampling, omniprésent à l'époque de Umami, pour mieux développer ses instrumentations et harmonies sur ce disque — où l'envie d'élargir le champs des possibles est manifeste, quittant en partie le dancefloor pour s'imprégner, à rebours, de toutes les influences initiales de ce poly-instrumentiste (guitare, basse, percussions, batterie) qui vont donc du jazz à la soul. Ainsi du premier single dévoilé, Just want happiness, morceau downtempo aux ambiances folk, parsemé de trompette, qui nous a beaucoup rappelé certaines œuvres de Tommy Guerrero par exemple. La collaboration avec Zeke Manyika, chanteur (et batteur) du Zimbabwe, écrite en shona, amène une couleur africaine, et deux Anglais posent aussi leurs voix : SG Lewis et la chanteuse Tertia May. Un album plutôt apaisé, parfois dansant, souvent évanescent et certainement lumineux,  qui n'atteint pas encore les sommets que l'on attend de cet artiste, mais laisse espérer de beaux lendemains — et d'une soirée excitante puisque Folamour présentera au Transbordeur son projet "Power to the PPL", une installation audiovisuelle immersive.

Folamour
Au Transbordeur le vendredi 12 novembre à 23h30


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