Film court au Zola : Level 42

Dans H2G2, la bible de Douglas Adams, 42 était la réponse à la « question ultime sur le sens de la vie ». Peut-on alors parler hasard si le millésime 2021 du Festival du film court correspond à sa 42e édition ? Non point, puisqu'il a été créé en 1980. Tout se tient !


Depuis sa réouverture mi-mai, le Zola n'a pas chômé : il a rattrapé au printemps l'édition “40+1” du festival du film court (confiné l'an passé), animé un Summer Camp, reprogrammé début septembre ses Reflets du cinéma ibérique hivernaux, transformé en week-end son Ciné O'clock, et s'est mis en chasse d'un nouveau directeur ! Sans transition, il embraie avec l'édition “normale” de son historique rendez-vous du court. Comme d'habitude, le programme abonde de friandises (dont une carte blanche à Rafik Djoumi sur “Le monde d'après vu d'avant”, une longue nuit du cinéma bis) autour du cœur de la machine : la compèt' animation et européenne.

Quoi de neuf ? Doc !

Au vu de cette dernière, on comprend pourquoi après trois décennies d'éclipse l'Académie des César a décidé pour 2022 de réactiver un trophée pour le court-métrage documentaire : quasi inexistante il y a peu, cette catégorie englobe en effet la moitié des films en lice à Villeurbanne. Plastique, le genre s'hybride volontiers avec l'essai ou la fiction ; et c'est lorsque les contours sont flous, ou que l'on s'éloigne du “reportage” qu'il se passe le plus de choses. Voyez La Marche de Paris à Brest où Vincent Le Port reprend un dispositif d'Oskar Fischinger consistant à concaténer des séquences de l'ordre de la seconde prises au fil de son voyage pour le raconter dans son entier.

Mais aussi The Void Inside de Julian Dietrich, un sujet pour Asghar Farhadi, où un jeune Iranien cherche à vendre un rein pour payer le “prix du sang” à une famille — surprise à la fin. Ou encore Little Berlin de Kate McMullen fable tragi-comique à la Jorge Furtado, parabole de la division allemande racontée d'un point de vue bovin par Christoph Waltz. On aime aussi la sobriété de Das Spiel de Roman Hodel, suivant l'homme en noir sur un terrain de foot, dans sa rigueur et sa solitude ; comme Les Veilleurs de Vincent Pouplard, entre film d'atelier et collage godardien hyper-pertinent sur le monde numérique. La fiction en prend fatalement un coup, mais on saluera les effets de genre dépaysants que constituent le gore danois Inherent ou le polar chinois Nantong Nights sans oublier les plus classiques L'Inspection de Caroline Brami & Frédéric Bas (casse-tête pédagogico-dialectique formidablement interprété par Florence Janas et Patrick D'Assumçao) ni L'Abécédaire de Philippe Prouff, bulle d'esprit dada rassérénante. La source n'est pas encore tarie…

Festival du Film Court de Villeurbanne
Au Zola à Villeurbanne ​du vendredi 19 au dimanche 28 novembre


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