En les voyant fêtés simultanément, on se dit que leur présence à un même générique n'eût pu produire davantage que des étincelles. Car même si Marcello Mastroianni est indissolublement lié à l'univers de Fellini, l'extraordinaire éclectisme de sa carrière naviguant de la comédie au drame aurait permis à ce génial caméléon d'endosser la plupart des rôles de Peter Sellers chez Kubrick, voire ceux de Tom Cruise, de Nicholson, de Ryan O'Neal, de Malcolm McDowell… et tous les autres figurant dans les (nombreux) projets inaboutis du cinéaste new-yorkais ! Ce fantasme de cinéphile, irréalisable, on le trompera avec du bien tangible : la (re)découverte des films de deux de plus importants contributeurs à l'art cinématographique du XXe siècle.
Pour Kubrick, présenter l'exhaustivité de ses longs-métrages (treize titres au total) n'a pas toujours été chose aisée, et l'on sait gré à cette programmation d'intégrer son premier opus Fear and Desire (1953), longtemps écrémé des intégrales. Tous les superlatifs ayant été usés pour évoquer le rigueur, la pertinence et le perfectionnisme de l'œuvre du maître, rappelons juste qu'à chaque fois qu'il abordait un sujet, un genre, une époque, c'était pour en proposer une vision appelée à en devenir la référence ultime ou le mètre-étalon : anticipation, guerre, science-fiction, horreur… Le cosmos audiovisuel créé par Kubrick façonne l'imaginaire du 7e Art depuis plus de soixante ans et ce n'est pas près de s'achever.
Rétrospectives Marcello Mastroianni et Stanley Kubrick
À l'Institut Lumière jusqu'au 19 janvier