Sur le Quai


« Trois Adonis, dans leur jeunesse verte / Gisent ici : Lyon pleure leur perte / Hélas ! chez toi comme sans nul remords / Ils discouraient, un porcellet farouche / Les surprenant, la nuit, dedans leur couche / Les enterra devant qu'ils fussent morts ».

Les mots seraient de Maurice Scève et relatent la mort de trois gentilshommes bourguignons, emportés par un plafond lors de l'effondrement de l'Auberge Le Porcelet par un funeste jour de 1540 sur ce qui est aujourd'hui le quai de Bondy qui donne son nom au groupe Quai Bondy. Le rapport ? Absolument aucun. Si ce n'est que la musique de Quai Bondy est le fruit d'un autre trio qui pourrait bien figurer les fantômes catastrophés des trois précités : « dans une urgence de vivre comme de mourir » nous dit la profession de foi de ces trois spectres rencontrés dans une cave.

Ce qui frappe au-delà des guitares garage jouant classiquement l'alternance du poisseux et du cristallin, d'une basse post-punk en diable, c'est la voix qui semble chanter sur un bûcher aux flammes nourries ou depuis le trou où on l'aurait jeté, sirène hurlante secouée d'étrange sanglots. Et le truc vous prend à la gorge comme une fumée âcre sans qu'on puisse s'en défaire. Quai Bondy est une plaie qu'on ne peut s'empêcher de gratter parce que ça fait du bien. Si ces gars-là ne se font pas tomber un plafond sur la tête, ils iront loin.

Quai Bondy,  Some Weird Songs EP (Kasanostra); sortie le 3 décembre
Au Croiseur le samedi 4 décembre


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