Au Shalala, un réveillon à la macédoine

L'équipe du Shalala adapte énergiquement et habilement l'excellente BD de Fabcaro.


Grinçante, noire, Et si l'amour c'était aimer est un bijou d'anti bien-pensance qui dit tout haut nos arrangements avec le couple pour rentrer dans les cases exiguës que la société favorise. Dans cette bande dessinée sortie en 2017, Fabcaro, déjà auteur du célébrissime et adapté sur les planches aussi Zaï Zaï Zaï Zaï,  raconte ici, façon roman-photo dessiné, la vie tranquille de Sandrine et Henri, patron de start-up tant chéri par son épouse jusqu'à ce que Michel, le chanteur de rock et livreur de macédoine (!) pour payer ses répet' ne fasse vaciller ce bel équilibre.

« Les sentiments purs et absolus ne sont-ils pas qu'une feuille morte emportée par le vent ? » demande Fabcaro, « un arc-en-ciel ne finit-il pas toujours par disparaître derrière les nuages ? ». Voici pour la philosophie déglinguée qui nimbe son texte extrêmement terre-à-terre et d'autant plus désopilant. « —Trop bon cette macédoine, je me suis explosé le bide comme un enculé… — Mon chéri, avec toi la vie est une suite de surprises renouvelée chaque jour ».

Les six comédiens et comédiennes de la bande du bar à spectacles du Shalala jouent avec ce pain béni, pas si simple à porter sur scène. Depuis plusieurs mois, en une heure à peine, avec des accessoires réduits au minimum mais emblématiques des situations, ils n'occultent rien de la BD : il suffit de pousser le rideau d'un côté ou de l'autre pour épouser les changements de lieux. Et notamment retrouver ces musiciens qui se prennent pour de grands penseurs : « je sais qu'on va déranger mais tant pis, c'est notre rôle après tout ». Go !

Et si l'amour c'était aimer ?
A
u Shalala le vendredi 31 décembre à 18h59, 20h59 et 22h59 ; également les 17 et 18 décembre à 19h19 et les vendredi et samedi de janvier à avril


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