Et aussi…


Indispensables

★★★★☆ Twist à Bamako 

Juste après l'indépendance malienne, un responsable révolutionnaire chargé de porter la bonne parole socialiste dans les les villages bambara s'éprend d'une jeune femme de son âge mariée de force. La romance va se heurter à la fatalité… Loin de sa géographie coutumière, Guédiguian tourne pourtant au plus près de son histoire et de sa jeunesse : dans un décor où les lendemains chantent et dansent sur les tubes des yéyés, avant de déchanter entre le marteau des idéologues et le pragmatisme de la réalité. Servi par une distribution impeccable, ce portrait de groupe sur fond de décolonialisme rappelant le Lumumba de Raoul Peck (2000), montre (avec la même indignation que Jean Ferrat dans Le Bilan) comment le pouvoir peut hélas flétrir un idéal…
Un film de Robert Guédiguian (Fr-Can-Sén, 2h) avec Alicia Da Luz Gomes, Stéphane Bak, Issaka Sawadogo… (sortie le 5 janvier)


À voir

★★★☆☆ Adieu Monsieur Haffmann 

Paris, 1941. Un bijoutier juif se réfugie dans le sous-sol de sa boutique qu'il a confiée à son employé ; las ! ce dernier commence un double-jeu trouble avec l'occupant… Quelque part entre Le Dernier Métro, Monsieur Klein et Les Misérables version Lelouch (Claude), l'intrigue paie un peu trop son tribut au théâtre dont elle est issue. Du pain béni pour Lellouche (Gilles) dont le personnage de brave type se mue peu à peu en vil salaud collabo à force de renoncements et de compromissions. Ce sont,  pourtant, Sara Giraudeau et Nicolas Kinski qui captent l'attention.
Un film de Fred Cavayé (Fr-Bel, 1h56) avec Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau… (sortie le 12 janvier)


★★★☆☆ Placés 

Sans boulot après avoir loupé le concours de Sciences-Po, Elias prend un job provisoire d'éducateur dans un foyer de jeunes. Contre toute attente, il va adorer les cas-soc'… Avant d'être scénariste des Tuche, Nessim Chikhaoui a été éduc' et ça se ressent dans cette chronique douce-amère d'une troupe d'âmes cabossées (encadrants et encadrés) conforme à la réalité du terrain. Le pendant en comédie à De toutes mes forces de Chad Chenouga, en aussi réussi.
Un film de Nessim Chikhaoui (Fr, 1h51) avec Shaïn Boumedine, Julie Depardieu, Philippe Rebbot… (sortie le 12 janvier)


À la rigueur

★★☆☆☆ Jane par Charlotte 

Version actualisée du Jane B. par Agnès V., sauf que c'est par Charlotte G. Un family movie sympathique parce que Jane est une icône que tout le monde aime, mais anecdotique cinématographiquement.
Un film de & avec Charlotte Gainsbourg (Fr, 1h30) avec également Jane Birkin (sortie le 12 janvier)


À éviter

☆☆☆☆☆ Rosy 

On pourrait passer sous silence son existence. Mais c'est faire œuvre de salubrité publique que de détourner le public de cet abominable pseudo-documentaire où une étudiante en école de commerce, se découvrant atteinte de sclérose en plaque, réplique à la maladie en partant à l'autre bout du monde grâce aux dons de sa communauté de fans. La discordance est ici hurlante entre son discours (« je-recherche-l'intériorité-en-allant-humblement-à-la-rencontre-des-autres-et-de-l'ailleurs ») et les images de son ego-trip ultra nombriliste — une collection de selfies animés sur fond d'antipodes, complétée par une auto-interview en gros plan face caméra. Puant l'exaltation de l'individualisme et l'héroïsation cosmétique, ce clip géant de promotion personnelle filmé à la truelle (étonnant pour une animatrice télé) tient, en outre, un discours ambigu sur le monde médical ; on espère que le monde du handicap (et de la SEP en particulier) en cruel manque de visibilité ne tombera pas dans le panneau en pensant qu'il est représenté par ce flyer opportuniste. Précisons que Marine Barnérias ne “paie” pas ici pour les délires complotistes de son père, réalisateur de Hold-up
Un film de & avec Marine Barnérias (Fr, 1h26) ; (sortie le 5 janvier)


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Dans les salles du GRAC, il était une fois… des révolutions