Les autres films


Indispensables

★★★★☆ Petite Solange 

D'une grande maturité pour ses 13 ans, Solange croit en l'harmonie pérenne du cocon familial. Hélas, son grand frère part pour ses études, puis ses parents se déchirent… Et toute son enfance vole en éclats. Mais personne ne s'en soucie car Solange fait bonne figure. Jusqu'à quand ?

Un sujet simple (en apparence), un portrait resserré à l'essentiel, une interprète idéale. Cette chronique volontairement atemporelle — mais quand même furieusement truffaldienne, jusque dans son image figée finale — accompagne, avec une admirable douceur, l'adolescente dont les repères se fissurent peu à peu. Invisible à ses proches, le drame de cette incomprise nous est rendu épouvantable par l'attention que lui porte… la caméra. Si Axelle Ropert, qui avait déjà fait preuve d'un tact inouï avec les enfants dans Tirez la langue, mademoiselle, se transcende ici, elle est bien aidée par la jeune Jade Springer ainsi que par la prodigieuse partition élégiaque de Benjamin Esdraffo, enveloppant la solitude et les désarrois de Solange d'une mélancolie suave. Un immense “petit” film, joliment lauré par le Prix Jean-Vigo.

Un film de Axelle Ropert (Fr, 1h25) avec Léa Drucker, Philippe Katerine, Jade Springer… (sortie le 2 février)


À voir

★★★☆☆Enquête sur un scandale d'état 

2015. Alors qu'une colossale saisie de cannabis au cœur de Paris fait les choux gras des autorités, un journaliste est approché par un indicateur lui affirmant être au service d'un haut responsable de la police et assurer une mission paradoxale : faire du trafic de drogue. L'enquête commence…

Thriller politique contemporain, de surcroît inspiré d'un travail d'investigation, le nouveau film de Thierry de Peretti relève la multiple gageure d'être allusif et globalement compréhensible sans tomber dans le didactisme pesant. De la même manière, il cerne ses protagonistes en laissant à chacun une part de nuances et de gris : il n'y a pas de “chevalier blanc”, mais des personnages portés simultanément par leurs convictions ET leurs ambitions ; où se trouve leur vérité ? Peut-être dans cette grande scène de prétoire quasi finale, sorte de synthèse absolue de l'intrigue où les comédiens semblent eux-mêmes transcendés par la situation et leur rôle. La tension et la véracité qui s'en dégagent doivent sans doute beaucoup au travail de plateau orchestré par Thierry de Peretti, par ailleurs homme de théâtre.