Fragiles de tous pays…

Les deux commissaires invités de la 16e Biennale d'Art Contemporain ont dévoilé une grande partie du contenu de l'événement qui débutera en septembre et, notamment, la liste des 87 artistes sélectionnés originaires de 39 pays.


Derrière leurs lunettes branchées, Sam Bardaouil et Till Fellrath (commissaires invités de la Biennale et directeurs récemment nommés du Musée d’Art Contemporain de Berlin) ont le regard sensible et feront de leur biennale un « manifeste de la fragilité ». Une fragilité liée à l’actualité de la pandémie, mais plus largement à la précarité économique et à la finitude de toute existence humaine. « On est tous fragiles, disent-ils lors d’une rencontre avec la presse le jeudi 27 janvier au MAC, mais cela ne nous empêche pas de continuer à vivre, de continuer à créer, de résister… Résistance qui a pris pour formes dernièrement les mouvements #MeToo, écologiques, des Gilets jaunes… »

Le duo s’ancre dans une certaine actualité tout en l’élargissant à des questions plus atemporelles. Artistiquement, les commissaires désirent partir du temps présent pour en creuser les strates passées (de nombreuses œuvres anciennes seront présentées en regard des créations contemporaines), et d’un lieu central (Lyon, sa géographie, des institutions et histoires propres, auront une grande importance dans les parcours de la Biennale) pour le connecter à d’autres espaces internationaux.

Cure de jouvence

Concrètement, la Biennale se déroulera aux usines Fagor-Brandt et au Musée d’Art Contemporain, ainsi que dans d’autres espaces d’exposition encore non définis. Y exposeront 87 artistes, provenant de 39 pays, dont certains assez rares dans ce type de manifestation comme le Bangladesh, le Pakistan ou l’Arabie Saoudite. Ce qui saute aux yeux dans cette liste, c’est la jeunesse des artistes, la présence forte des femmes, une belle présence du Moyen-Orient, et l’absence de grande star, même si certains ont le vent en poupe dans le milieu de l’art contemporain comme l’auteur de films à mi-chemin du documentaire et de la fiction Clément Cogitore, ou le duo libanais Khalil Joreige & Joana Hadjithomas qui a reçu le Prix Marcel Duchamp en 2017 pour son travail sur les mémoires et l’Histoire.

Cette 16e Biennale promet beaucoup de fraîcheur et de découvertes (d’autant plus qu’une cinquantaine d’œuvres seront créées pour l’occasion). Et ne boudera aucun médium : de la peinture à l’installation, en passant par les créations numériques, la vidéo, la performance, la photographie… Sans oublier quelques invités issus d’autres champs disciplinaires comme la chorégraphe hongroise Ezster Salamon qui créera une pièce avec le jeune ballet du CNSMD de Lyon, ou le couple de chorégraphes libanais établi à Lyon, Mia Habis & Omar Rajeh. Un quart des artistes vivent en France, et "chauvinisme local" oblige, on notera parmi les invités la présence de la Lyonnaise Sarah Del Pino aux œuvres sensibles et engagées, et celle de l’ex-lyonnaise Aurélie Pétrel, photographe travaillant sur la mise en espace des images, dont on apprécie beaucoup le travail.

Biennale d’Art Contemporain, Manifeste de la fragilité
Du 14 septembre au 31 décembre


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