Ce que j'appelle mémoire


Il déboule en courant, parle à toute allure. Il y a urgence. L'excellent Thomas Rortais dit les heures qu'il reste à vivre pour ce type qui est entré dans une supérette, a pris une canette, l'a bue. Au bout de trente minutes de spectacle (sur 1h10), il est mort sous les coups des vigiles. En une seule et longue phrase, Laurent Mauvignier avait fictionné, en 2011 avec son tact habituel, ce scandale réel qui avait eu lieu à Lyon deux ans plus tôt : Ce que j'appelle oubli. Aux Célestins, jusqu'au 6 février, Michel Raskine, sur un plateau bordé de Heineken froissées, articule son comédien fétiche et le percussionniste Louis Domallain dans un castelet mouvant rappelant celui qu'il avait créé pour sa grinçante version de Blanche-Neige. L'ensemble est parfaitement tenu, ne cédant ni à la colère ni au sentimentalisme.


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Cinq expos à voir à Lyon en février