Des parents solidaires de jeunes migrants isolés

Sur les Pentes de la Croix-Rousse, une initiative citoyenne s'est mise en place afin de soutenir des jeunes migrants isolés, à la rue, dormant dans des tentes. Les parents d'élèves du quartier se sont réunis afin de leur venir en aide. Aide qui perdure et qui est devenue essentielle dans le quotidien de ces jeunes. 


Sous les fenêtres de familles vivant à proximité du jardin de la montée de la Grande-Côte, en septembre dernier, campaient de jeunes migrants. Une situation inacceptable, ayant incité ces habitants à aller à la rencontre des jeunes. Au fil des jours, des liens se créent. « Ce sont des enfants et si c'étaient les nôtres on aimerait que quelqu'un leur tende la main » explique Sam H. l’un des initiateurs de cet élan de solidarité. Un cas qui n’est pas isolé dans ces quartiers du 1er et du 4e arrondissements : en juin dernier, le squat Le Chemineur avait été ouvert suite à l'afflux de jeunes à la rue.

La plupart de ces jeunes disent être mineurs. Mais sans preuve à fournir aux autorités. Depuis leur arrivée sur le sol français, le match administratif a débuté et perdure, laissant ces adolescents dans une situation insoluble. N’étant officiellement ni mineur ni majeur, ils se trouvent dans un entre-deux ne leur donnant accès à rien. Une évaluation de leur âge a été initiée par l’association Forum Réfugiés, mais la Métropole de Lyon a pourtant conclu à leur majorité. Beaucoup ont déposé un recours devant le juge des enfants qui, dans la majorité des cas, finira par reconnaître leur minorité.  

Durant cette attente et face à l’absence de réponse concrète des pouvoirs publics (hormis la mairie du 1er) malgré les alertes des associations et des riverains,  une chaîne de solidarité s’est durablement installée. Les mineurs étant établis dans un campement de fortune, les habitants ont commencé par leur fournir tentes et duvets. Insuffisant, pour ces Lyonnais profondément inquiets et révoltés des conditions de vie "offertes" à ces jeunes ayant déjà tant souffert. Rapidement, s’organise une cagnotte entre les habitants afin de subvenir à leurs besoins. Des commerçants du quartier pratiquent des réductions exceptionnelles pour l’achat des denrées de première nécessité et des dons sont faits par des particuliers et associations, apportant réchauds, nourriture, produits de toilette, vêtements...  

Le retour des "dimanches solidaires"

En novembre, las d’attendre des actes des pouvoirs publics et face à la vague de froid, les habitants ont investi deux étages vides d’un bâtiment appartenant aux Hospices Civils de Lyon,  situé place Chardonnet. Aujourd'hui, un peu plus d’une trentaine de jeunes y vivent et dorment à l’abri. La nourriture est sous clé, et les habitants se chargent de la distribution chaque fin d’après-midi. « Ce sont des ados et comme tout ado, ils ont faim tout le temps alors on rationne pour qu’il y ait toujours assez de nourriture » explique Didier J., l’un des parents les plus investis de l’aveu de beaucoup. Une assemblée générale se tient chaque semaine pour échanger sur le quotidien et les besoins des jeunes. L'occasion notamment pour Didier J. d'informer les habitants qu'une convention permettant aux jeunes de rester dans les lieux est en discussion avec HCL.

Pour récolter des fonds permettant de poursuivre le mouvement de soutien, des "dimanches solidaires" ont été organisés durant le mois de novembre. Un évènement festif créé et organisé par des habitants avec la participation des jeunes. Ils avaient réuni plus de 200 personnes lors du dernier dimanche. Le prochain se tiendra le 27 février,  place Chardonnet (1er) avec au programme : pizzas au feu de bois, concert et scène ouverte, au bénéfice de ces jeunes pour lesquels des habitants solidaires bouleversent leur quotidien et s’investissent, dans l’espoir qu’un jour, la société ne ferme plus les yeux. 

Informations sur les évènements et les soutiens : Facebook Chez Gemma


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Tania Mouraud, artiste résistante