Écrans Mixtes : come back to the front

Elle fut la dernière des manifestations d'envergure à se tenir à Lyon avant l'impromptu du premier confinement. Deux ans plus tard, alors que le spectre covidien semble refermer sa funeste parenthèse, Écrans Mixtes s'apprête à ouvrir une très prometteuse douzième édition.


La scintillante présence du roi du strass-system John Waters n'avait pu empêcher les lumières d'Écrans Mixtes de s'éteindre en 2020 dans un mixte d'angoisse et de précipitation ; c'est plutôt l'espoir qui souffle cette année sur le festival du cinéma queer lyonnais. Espoir dans l'avenir tout d'abord : après une bonne décennie d'existence — et en dépit de divers tracas politiques — la manifestation ayant fait la preuve de sa pertinence auprès du public par l'exigence de sa programmation et multiplié les invités de prestige, se trouve confortée par de nouveaux (et solides) partenaires. Espoir dans le présent immédiat, avec une affiche 2022 des plus attractives —  et l'on ne parle pas seulement de celle dessinée par Edi Dubien, mais des noms des invitées et invités.

Catherine et compagnie

Présidente du jury chargée de départager les huit longs-métrages internationaux en compétition (et de remettre au lauréat un prix non négligeable de 10 000€ d'aide à la diffusion en France), Catherine Corsini est aussi conviée pour une rétrospective intégrale de son œuvre ainsi qu'une master class le 5 mars aux Célestins — cela au moment où sa dernière réalisation La Fracture vient de récolter le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Aissatou Diallo Sagna. Autre cinéaste à faire l'objet d'un coup de projecteur particulier, le sublime plasticien Bertrand Mandico. Si la totalité de son abondante filmographie fantasmagorique ne sera pas projetée, on peut notamment compter sur Ultra Pulpe, Les Garçons sauvages ou le dernier en date After Blue (Paradis Sale) pour prendre sa dose de glitter hormonal.

Parmi la profusion des axes du programme, outre le Panorama avant-premières brossant, comme son nom l'indique, un état des lieux de la diversité de la production en cours (on y retrouve aussi bien la comédie La Revanche des crevettes pailletées que le drame israélien Les Battantes) ; outre l'hommage à Pier Paolo Pasolini à l'occasion de son centenaire, porté par Ninetto Davoli et relayé par quatre films (Enquête sur la sexualité, Médée, Uccellacci e uccellini, Les Mille et une nuits), notons un très bien pensé “Focus Maghribia Matrimonia“, qui confronte cinq œuvres signées par des réalisatrices dont Les Silences du palais de Moufida Tlatli (1994) et l'immanquable La Belle et la Meute (2017) de Kaouther Ben Hania, au dispositif implacable. Et puis des documentaires en pagaille et des courts-métrages à foison, le 8 mars inclus dans le festival ; tout pour faire un grand cru.

Écrans Mixtes
Dans les cinémas de Lyon et de la Métropole du mercredi 2 au jeudi 10 mars


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Rappeneau : huit, ça ne suffit pas