Animal on est mal


Pourquoi donc la cheminée émet-elle de la fumée et des odeurs puantes ? Qui sont ces "rayés" et ces "bottés" de l'autre côté de la clôture ? L'auteur quinquagénaire allemand Jens Raschke (ici traduit par Antoine Palévody) a imaginé faire parler les animaux du zoo qui jouxtait le camp de Buchenwald, sans ancrer son propos dans une époque et un lieu précis. Bien nourris, ils ne souffraient pas puisque leur présence devait distraire les bourreaux. Tout était paisible jusqu'à ce qu'un nouvel arrivant débarque  : un ours déraciné ose se préoccuper de ce qui se passe au dehors.

Pauline Hercule, directrice artistique des Journées d'Auteurs de Lyon qui ont primé ce texte tout récemment, a eu l'idée de faire évoluer ses quatre comédiens dans une sorte de cage, coincés par les spectateurs en tri-frontal, idéalement en cercle. Dans la mise en scène qu'elle cosigne avec Pierre Germain, elle parvient à donner une humanité à ces animaux : ils sont incarnés sans être rabaissés à leur condition. Pas de mime ici, mais une parole symbolique distribuée au Papa Babouin ou à la Petite Marmotte qui font état de renoncements ou du courage face à l'adversité la plus violente.

Quelques éléments de bois, un beau travail de dessin et de maquette voire de pop-up mais aussi une utilisation habile du son et de la musique en live : rien n'est laissé au hasard dans cette heure de spectacle, accessible aux enfants, riche d'idées, jamais exempte de tragédie et qui place chacun face à ses responsabilités, des plus individuelles ou plus collectives.