L'expo : Klein en 100 photographies


Le projet a mûri pendant trois ans et demi avant de voir le jour. Mais le résultat est exceptionnel : une centaine d'images de William Klein, retraçant tous les aspects et les époques de son travail photographique, organisées en grandes thématiques : New York, les enfants, la mode, Moscou. La galeriste Catherine Dérioz et le photographe Jacques Damez ont eu exceptionnellement accès à l'ensemble des boîtes d'images de Klein, entreposées dans son atelier parisien. Ils y ont sélectionné des images connues mais aussi beaucoup d'images inédites. Jacques Damez confie que « c'est pour nous une grande émotion de faire cette exposition. C'est l'aboutissement d'un travail quasi muséal, avec une grande attention portée à l'accrochage et la volonté de se démarquer des récentes expositions de William Klein, avec des grands formats. » Cadres souvent collés serrés, l'accrochage ménage, cependant, des respirations visuelles et insiste sur l'idée de montage chère au photographe et cinéaste William Klein. Le tout offre une double lecture au visiteur : image par image, ou bien par blocs d'images se faisant écho, complément, opposition entre elles.

Polyphonies

Deux cimaises sont consacrées à New York. L'une d'elles est particulièrement impressionnante, qui réunit des images plus dépeuplées qu'à l'accoutumée et jouant des strates et des signes urbains : enseignes lumineuses, géométrie à n dimensions des lignes de voies de métro, de câbles, de poteaux métalliques, d'immeubles… Même lorsque les foules disparaissent de ses images, Klein provoque d'autres vertiges visuels, vacillant entre des noirs charbonneux d'une intensité rare et des jaillissements en bouffées de lumière crue.

L'ensemble consacré aux enfants et composé de nombreux inédits permet de découvrir quelques facettes moins connues du photographe. Il y a, bien sûr, ces enfants braquant crânement leurs armes sous le nez du regardeur, mais aussi des gosses qui jouent, voire dansent, avec le photographe. Il y a de la violence et des sourires, de la joie et de la pauvreté. Ce regard pluriel sur les enfants est emblématique du regard de Klein sur le monde : photographier des foules (concerts, meetings, réunions sportives…), des groupes disparates, des faisceaux de lignes, c'est l'occasion de montrer comment se composent et se décomposent des forces antagonistes, des différences, des corps hétérogènes… Pas d'unisson ou d'uniformité chez Klein, mais des polyphonies en équilibre précaire au-dessus du chaos.

Klein + L'atelier
À la galerie Le Réverbère jusqu'au 30 juillet


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