Plaisir des yeux, joie de se revoir

Les Hallus renouent avec leur date originelle après une auguste exception l'an passé. La quinzième édition est l'occasion de présenter aux apôtres d'un autre cinéma un savant mixte de reliques anciennes et de nouveaux fétiches. Le culte se déroule comme toujours au Comœdia. 


Plutôt que de se lancer dans une litanie en déroulant le menu concocté pour la Quinceañera des Hallucinations Collectives, attachons-nous à en rappeler quelques axes dignes d'une cinémathèque des plus pointues. Car en plus de sa compétition furetant dans tous les genres et territoires — et brassant zombie taïwanais (The Sadness), beyond polar sénégalais (Saloum) ou saga à grand spectacle indienne (RRR) — ; de son ouverture accordée au nouveau Dario Argento (Dark Glasses) et de sa clôture dédiée, en sa présence, à Lucile Hadzihalilovic (de retour avec Earwig), le festival réjouit par ses cycles et rétrospectives.

Sexe, massacres et voyages

Outre son traditionnel classé X des familles au titre improbable (ici, Furies sexuelles), le Cabinet de curiosités fait un remarquable tir groupé avec le Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog, The Harder they Come de Perry Henzell (avec Jimmy Cliff), le rare érotico-polar Massacre pour une orgie de Jean-Pierre Bastid en sa présence ; enfin, cette bizarrerie suprême qu'est Incubus de Leslie Stevens, film rescapé des flammes incluant des succubes, William Shatner et une version originale en espéranto — qui dit mieux ? Parmi les cycles thématiques, “le voyage en lui-même“ vaut franchement le détour question trip : La Vallée de Barbet Schroeder (et encore, lisez le récit du tournage fait par Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon, ça vaut Apocalypse Now question mise en danger de l'équipe), La Lettre inachevée pour un shoot de beauté kalatozovienne ainsi qu'un truc improbable : An American Hippie in Israel de Amos Sefer. 

Notons également la carte blanche accordée à la réalisatrice Joyce A. Nashawati, qui avait présenté Blind Sun en 2016, avec trois gemmes cinéphiliques : La Proie nue de (et avec) Cornel Wilde ; Le Rideau de Brume de Bryan Forbes et enfin L'Étrangleur de Rillington Place où Richard Fleischer poursuit son étude des cas d'assassins pathologiques — ici, c'est ce bon Richard Attenborough qui succède au brave Tony Curtis dans l'emploi du tueur en série. 

On finira sur une note musclée avec un work in progress : la mise en bouche de la saison 2 de Lastman Heroes, la série animée inspirée par la BD phénomène de Vivès, Balak et Sanlaville — ce dernier viendra présenter les premières images en compagnie de Jérémie Hoarau et Laurent Surfait, respectivement réalisateur et scénariste. Les Hallus vont encore marquer des poings.

Hallucinations Collectives
Au Comœdia du mardi 12 au lundi 18 avril


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