L'énergie du chaos

Damir Radović expose à Lyon quelques installations et, surtout, de nombreux dessins et toiles qui nous immergent dans un chaos de signes et de gestes plastiques.


Dessins, peintures, slogans, installations… Dans toutes ces dimensions et techniques plastiques, Damir Radović exprime ses colères politiques tout autant que ses sensations et ses émotions plus intimes. Explosions de cris et crissements formels : l'énergie est palpable à la surface, notamment, de ses toiles et de ses dessins, nombreux à être exposés à la galerie Kashagan.

Né en 1976 à Sarajevo, Damir Radović a fui la guerre à seize ans, en 1992, pour se réfugier en France. Il y a été formé aux écoles des Beaux-Arts de Valence puis de Lyon et vit, depuis 2014, à Paris. La guerre en ex-Yougoslavie, l'émigration, font partie intégrante de son travail : traces écrites à propos de la guerre, fragmentation des œuvres et des styles en résonnance avec sa biographie fragmentée.

L'art est, chez lui, une bataille et une mémoire. Mémoire qui, au de-là de la guerre, retraverse des pans de la culture universelle : cinéma, tragédie, littérature, histoire et géographie… Le titre du célèbre poème de Victor Hugo, Demain dès l'aube, donne son nom à l'exposition.

À la limite de la dispersion

« Mon travail est à la fois une question d'équilibre et un outil de compréhension du réel. Un équilibre très fragile, silencieusement travaillé par le jeu des forces contradictoires, à la limite de la dispersion » indique l'artiste sur la page d'accueil de son site Internet. Il ajoute que dans ses dispositifs « tout est question d'immersion ».

Son accrochage à Kashagan nous immerge voire nous perd en effet dans un tourbillon de signes, de taches, de coulures, d'écritures, de figures précises ou suggérées… On pense à Jean-Michel Basquiat, au street art et à bien d'autres références encore. Mais qu'importe, tant l'artiste parvient à brasser ses références, à les concasser, à se les approprier dans ses dessins et ses toiles où son langage propre et explosif capte immédiatement le regard. C'est brillant, vivant, irrévérencieux.

Damir Radović, Demain dès l'aube
À la Galerie Kashagan jusqu'au samedi 7 mai


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