“On vous ment” prêche le vrai par le faux

Les organisateurs d'On vous ment ont de le sens de l'humour (ou de l'à propos) puisqu'ils ont calé la septième édition de leur festival pile entre la présidentielle et les législatives. Une manière de nous rappeler qu'il ne faut pas tout prendre pour argent comptant dans ce que l'on nous fait voir ici ou là ?


Faisons amende honorable : lors du lancement de ce festival lyonnais du documenteur au printemps 2016 — année qui allait voir l'élection de Donald Trump et le triomphe de la post-truth, des “vérités alternatives” et du complotisme le plus grossier avec l'aide de canaux médiatiques dévolus à la fabrique de l'idiocratie — on doutait un peu de sa faculté à se renouveler, une fois le fonds patrimonial exploré.

Et puis, le genre a prospéré en ces temps propices à la manipulation des images, où le deepfake n'en est qu'à ses balbutiements. De “kolossal” canular, le mokumentaire/documenteur s'est transformé en outil critique commun, interrogeant par l'absurde ou la causticité la conscience du spectateur "en même temps" que le sujet qu'il explore.

Sa seule limite repose sur la crédulité grandissante de certaines foules promptes à prendre pour argent comptant et sans le moindre recul toutes les images allant dans le sens de leurs obsessions. Puisse le titre sulfureux de ce festival les attirer… et les faire réfléchir !

La vérité, c'est dense

Tête de gondole et soirée d'ouverture de cette édition le jeudi 5 mai, l'immarcescible C'est arrivé près de chez vous (1992) fêtera ses trente années d'humour noir et belge en compagnie de l'un de ses trois auteurs, le réalisateur André Bonzel — dont Et j'aime à la fureur avait été présenté l'an dernier. Ce portrait d'un tueur en série namurois n'a pas pris une ride et reste aussi féroce que désopilant.

Suivront dans un calendrier chargé de deux jours : la première française de M.O.M (Mother of Monsters) de Tucia Lyman, The Medium de Banjong Pisanthanakun (produit par le Coréen Na Hong-jin), La Estrella Roja de Gabriel Lichtmann, Extro de Naoki Murahashi et en clôture un slasher, Behind the mask de Scott Glosserman.

On n'omettra pas une carte blanche accordée à Éric Peretti autour du Long Shot (1978) de Maurice Hatton — un “métafilm“ dans lequel sont crédités notamment Wim Wenders, Stephen Frears et Alan Bennett —, ni la compétition de courts-métrages départagés par un éclectique jury où figurent l'archéologue Clotilde Chamussy et deux comédiens : Roxane Bret ainsi que l'excellent Philippe Morier-Genoud.

On notera pour finir qu'en sus des projections, des rendez-vous débat et musique se tiendront dans un bar associatif au nom bien trouvé, Le Paradox (Lyon 1er), désigné comme QG du festival.

On vous ment !
Au Comœdia, au Zola et aux Cinémas Lumière ​du jeudi 5 au dimanche 8 mai
 


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Cinéma : les films qui sortent à Lyon le mercredi 4 mai 2022