Mamaraude : Fatima, la main tendue

Figure de la solidarité à Lyon, Fatima Ait Abderrahim est l'une des fondatrices de Mamaraude, association au service des plus démunis et des sans-abris. Rencontre.


Pour évoquer l'association Mamaraude, il faut d'abord rencontrer celle sans qui rien ne serait possible : Lyonnaise pas comme les autres, âgée de 50 ans, elle s'appelle Fatima Ait Abderrahim. Bénévole depuis des années, elle confie : « avoir du cœur, faire preuve d'altruisme, ce sont les valeurs de notre famille. » Car son époux est également engagé dans l'associatif : affaire de famille, dit-elle. Bénévole lors de maraudes, une chose la frappe : l'absence de construction du lien social. Ce qui, à son avis, manque tellement aux personnes qu'elle croise... Forte de ce constat, Fatima ne pense pas la nourriture apportée comme étant le seul besoin fondamental. Dès lors, son objectif sera d'instaurer la proximité, un rapport d'humain à humain. Sans jamais porter un jugement.  

Au début du confinement, elle est confrontée à la détresse de ceux qui sur nos trottoirs, dans nos rues, étaient alors seuls. « Le premier jour, je suis allée voir un SDF, il était perdu, il avait peur, il n'avait plus ni nourriture ni l'argent qu'il récupérait avec la manche, sa situation était devenue encore plus dramatique. » Les difficultés nées du confinement l'ont amené à réfléchir à la création de l'association avec Hugo et Malika, deux amis déjà bénévoles dans d'autres associations d'aide aux plus démunis. Mamaraude voit le jour courant  2021, le nom est trouvé par deux bénéficiaires de l'association. 

Installée dans le 7e arrondissement depuis des années, son réseau fait sa force. Le bouche à oreilles lui a permis de mettre en place une chaîne de récupération de diverses denrées alimentaires, des commerces jusqu'aux écoles. Chacun s'inscrit ainsi dans cette dynamique de solidarité initiée par Fatima. 

Confiance avant tout

Son obsession : ne jamais juger quelqu'un. La précarité peut impacter tout le monde, la période en témoigne. C'est pourquoi elle n'aide pas seulement les sans-abris : tous sont les bienvenus pour récupérer les denrées alimentaires récoltées, étudiants, mères isolées, mineurs isolés... Et tous peuvent trouver en Fatima une oreille attentive et une aide précieuse. « Tout ce que je récupère, je le donne, peu importe la personne, si elle est dans le besoin je donne. » Pour Fatima, l'important se trouve dans cette chaîne de solidarité, avec les bénévoles, les bénéficiaires et les autres associations. S'épauler. 

« Ils ont besoin de pouvoir compter sur quelqu'un et qu'on entende leur besoin » Fatima met en place des séances d'ostéopathie et de sophrologie à destination de ce public précaire, via un partenariat avec des praticiens solidaires. Pas d'argent en jeu, uniquement de la reconnaissance. En retour, elle peut compter sur ses bénéficiaire, pour récupérer les aliments, les cuisiner, les distribuer... « Être acteur, ne pas être juste un assisté, c'est essentiel pour se sentir valoriser et tous répondent présent quand je les appelle. »

Difficile de faire une liste exhaustive des actions de l'association, des distributions de repas à la cuisine, de l'accès au bien-être à l'écoute amicale. Pour poursuivre son action, elle attend l'accord de la Ville afin de bénéficier d'un local. « Je les aime, ils sont tous comme mes enfants » dit-elle. Une affection réciproque pour celle qui surnommée « tata ». Mamaraude, c'est définitivement plus que des maraudes. C'est l'ADN de Fatima qui rayonne au travers de cette association.

Mamaraude
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