Vaison à tout-va

Ville médiévale et antique, Vaison-la-Romaine vaut bien qu'on s'y arrête le temps d'un week-end. Son site archéologique n'est rien moins que le plus vaste de France.


En arrivant dans cette ville de presque 6000 habitants, impossible de ne pas revoir les images de l'Ouvèze en furie. En 1992, l'eau sort de son lit et trimbale à vive allure des caravanes arrachées aux campings : le bilan d'une quarantaine de morts est tragique. Une plaque rappelle au souvenir de ce sinistre 22 septembre. La ville a  bien sûr retrouvé son calme, et le vieux pont romain à une arche n'a jamais tremblé, tout comme il a résisté à un dynamitage : il joint la ville haute et médiévale de celle en contrebas, antique.

La ville haute

Moins connue que la partie antique, cette zone médiévale est un joyeux dédale de rues qui grimpent jusqu'au château comtal. Avant d'y arriver, arpenter la rue de l'Évêché et celle des Fours en passant par la cathédrale Sainte-Marie-de-l'Assomption. L'emplacement des anciens fours banaux est aujourd'hui privé — ce sont souvent des garages ou des ateliers — et quand ils sont ouverts sur la chaussée, vous pouvez aisément les voir.

Des panneaux rappellent qu'au Moyen Âge, pour s'en servir, les sujets devaient verser une redevance au seigneur puisqu'il était interdit de moudre le grain et de cuire le pain ailleurs qu'aux moulins et fours banaux. La disparition totale de leur usage est consécutive à la Révolution française, en 1793.

Continuez à grimper au sommet du rocher pour atteindre le château dit "comtal" du XIIe siècle qui surplombe la ville et les terres avoisinantes. L'accès est libre. Il est a demi en ruines, mais reste son donjon et surtout le Mont Ventoux voisin (environ 20 km) brille sur ses hauteurs chauves.

Les sites antiques

Sur la rive droite de l'Ouvèze, l'histoire est bien plus ancienne. Il a fallu attendre 1924 pour que ne soit accolé à Vaison "la Romaine" et mettre en évidence ces fouilles archéologiques réalisées lors de la première moitié du XXe siècle, notamment par le chanoine Joseph Sautel. Se dégage alors des bâtiments de l'époque de l'apogée de cette cité en l'an 80 – 100 de notre ère. Sur deux sites proches mais distincts (une seule billetterie), il reste certes des fondations, une série de colonnes brisées mais debout, parfois visibles même de l'extérieur mais il est franchement conseillé de s'offrir la possibilité de pouvoir y circuler.

C'est une émotion particulière d'être dans les rues du site de la Villasse avec les boutiques sur le pas de porte des maisons et une allée large pour faciliter la circulation des chariots. Des pavements, conservés et restaurés, témoignent de la noblesse de certaines familles, quand les plus modestes avaient un sol en terre battue. Un ensemble thermal assez lisible se trouve aussi dans cette partie. Recouvrant la surface de 2000m² il est comparable à celui de Pompéi.

L'autre site, celui de Puymin, abrite là encore un quartier de boutiques mais aussi un grand jardin à colonnades et des maison huppées comme celle à l'Appolon Lauré, du nom d'une tête d'Apollon découverte en 1925 et exposée dans le musée attenant présentant des statues impériales en marbre, des mosaïques ou encore des objets de la vie quotidienne.

Ce site comporte aussi une remarquable allée de sarcophages et surtout le théâtre antique parfaitement hors de vue du visiteur arrivant par ce chemin. L'effet « waouh » est garanti sauf si, en roulant sur les avenues Choralies et Mitterrand en contrebas, il se soit dévoilé à vos yeux. Premier monument mis au jour de cet ensemble (en 1907), il date du Ier siècle de notre ère, à l'instar de ceux de Fourvière excavés à la même période. Il reste ici les bases du mur de scène fermant ces gradins semi-circulaires pouvant accueillir 6000 spectateurs à l'époque (10 000 à Fourvière). Il est possible d'arpenter les couloirs menant aux gradins comme dans les arènes d'Arles ou Nîmes. Très rénové, il est presque trop ripoliné mais sert toujours à accueillir des festivités (voir plus bas). 

Enfin, il ne faut pas manquer la belle cathédrale Notre-Dame de Nazareth et son cloitre que l'on atteint en longeant le site de la Villasse sur l'agréable chemin du Couradou. Au bout du jardin d'enfant, cet édifice est le plus précieux vestige de l'époque médiévale, datant du XIe siècle. Des vestiges antiques ont été réemployés pour sa construction et ses galeries de double colonnettes – trois des quatre pans ont été sauvegardés — est un petit bijou architectural.

Sites antiques : billetterie rue Burrus
T. 04 90 36 50 48
Tarif : 9€ (adultes), 4€ (10-18 ans), gratuit (- de 10 ans)


Prog' estivale

Le théâtre antique est un écrin parfait pour que l'été soit culturel. Avec :

- Des concerts : Francis Cabrel (le 5 juillet), IAM (le 9 juillet), Caballero & Jeanjass (29 juillet)

- Le festival international Vaison Danses (du 13 au 26 juillet). Avec Gloria de Montalvo, uen soirée Carolyn Carlson, La Femme qui danse par Marie-Claude Pietragalla, La Pastorale par le Malandain Ballet Biarritz et Folia de Mourad Merzouki.

- Festival Choralies (du 3 au 11 août) dédié aux chorales professionnelles et amatrices

- Soirées à l'antique (du 14 au 24 août) : théâtre, musique et cinéma de plein air, gratuit !


Où manger ?

Chez Jacotte. Installé sur une place blindée de restos et bars, Chez Jacotte accueille dans un cadre rétro sans que ce ne soit trop conceptualisé. Assis sur des chaises en formica, le plat du jour à 13€, la cocotte camembert rôti AOP de Normandie, focaccia, salade et crudités à 17€ et ça fond dans la bouche. Pas spécialement provençal et pas attrape-touriste, on y revient !
2 place Montfort
T. 09 78 49 35 90
Ouvert les midis du mardi au dimanche + vendredi et samedi soir


Où manger un gâteau ?

Peyrerol. On voudrait tout acheter et tout goûter, des cakes aux fruits confits à la tropézienne à la fleur d'oranger mais, passion Tour de France et proximité obligent, c'est le Mont Ventoux que l'on a dégusté : mousse et crème de marron avec une ganache montée à la vanille et une compotée de clémentines. 4€ la part. Les descriptions s'envolent, les saveurs restent.
7 cours Henri Fabre
T. 04 90 36 04 91
Ouvert tous les jours (sauf lundi et jeudi) de 8h à 19h


Où acheter des produits locaux ?

Place du Vieux Marché. Cette boutique n'a pas de nom mais vous ne la raterez pas sur cette petite place du Vieux Marché, côté ville médiévale. Dans cette toute petite grotte, grand plaisir de se procurer les délices du Lubéron (tapenade, rouille, brandade, anchoïade…) des sirops artisanaux d'Eyguebelle, des nougats, de bons crus du coin et quelques cartes postales. Accueil chaleureux et simple.
Jours de marché : mardi et samedi matin + jeudi matin de juin à août

À noter, la Fête du Terroir et des circuits courts le samedi 24 juin dans la contre-allée Burrus (côté ville antique).


Comment y aller ?

En voiture : 2h26 (et 16, 30€ de péage) ou 4h10 sans autoroute

En train : Aller en TER à Orange (2h26, 16, 30€) + bus Lieutaud ligne n°4 (50 min, 2, 60€). Possibilité d'attraper des bus en gares d'Avignon et Montélimar.

Où se renseigner ?

Office de tourisme Vaison / Avenue du Général de Gaulle / 04 90 36 02 11

 


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