3 questions à Tropical Horses : « mettre du venin dans les structures classiques »

Max-Antoine Le Corre, aka Tropical Horses, ouvrira les concerts de cette Summer Session Petit Bulletin, en sortie du DJ set de Bernadette. Il nous raconte un projet musical atteint de bougeotte aiguë vu comme un laboratoire personnel, très sensible au moment et à l'environnement. 


C'est quoi Tropical Horses ?
Max-Antoine Le Corre :
C'est un projet que j'ai commencé en fin d'études vers 2012. À l'origine, j'avais commencé à travailler sur des cartes postales sonores à l'occasion d'un concours pour une radio qui avait bien marché. Je m'intéressais pas mal au sound design, à des choses très texturées à travers lesquelles j'essayais de raconter des histoires.

Au fur et à mesure j'ai ajouté des kicks, des guitares et ç'a donné ce projet que je voyais comme une sorte de journal, assez intime où je racontais des choses de ma vie. J'ai fait un EP pour sceller un peu tout ça et j'ai commencé à faire des concerts. J'ai toujours été seul sur ce projet, même si un moment un saxophoniste m'a accompagné – mais aucun enregistrement ne reste de cette époque là. Ensuite, le truc a un peu muté.

Les premières choses que tu as sorties étaient un peu garage mais aussi dans une veine à la Suicide mais ç'a beaucoup évolué sur les dernières productions, comment s'est faite cette évolution ?
Je me remets beaucoup en question et ç'a été particulièrement le cas sur le dernier disque, Fever. Dès le début, j'avais l'idée de faire quelque chose d'assez hybride – même si ça devait rester cohérent au niveau des textures. J'ai envie que chaque disque ait une identité différente, soit dans l'énergie du moment.

Là j'écoutais beaucoup de musique africaine et ç'a donné ça même si l'idée n'est pas de refaire ce que j'écoute. Les prochains morceaux que je compte sortir l'année prochaine va être encore différent, à tendance métal, un peu plus violent. Et je reviendrai sans doute sur des choses un peu plus expérimentales après. C'est un projet sur lequel je me fais un peu plaisir, je teste des choses, tout en racontant des choses intimes, en romançant le quotidien.

Ce que j'aime surtout c'est triturer des structures un peu classiques, y mettre un peu de venin. Je pourrais avoir plusieurs projets, un garage, un folk mais je trouve intéressant de tout imbriquer dans ce projet. Mais j'ai d'autre projets que je suis en train de développer. Tropical Horses est à la fois un terrain d'expérimentation et quelque chose de très personnel.

Tu te produis en one-man band, comment restitues-tu tout cela sur scène ?
Alors je trouve cette appellation, qui valait il y a dix ans, un peu datée et caricaturale. Ça sous-entend quelque chose de bricolé alors que Tropical Horses est un projet de musique électronique avec des guitares. Pour ce qui est de ma manière de faire, je balance des simples que j'enregistre au préalable en conditions live et par-dessus j'en rajoute d'autres ou je rajoute de la guitare.

J'y mets beaucoup de variations, quelque chose d'assez ondulants, des breaks, des intros. Je joue davantage sur les montées et les descentes. Mais on reconnaît totalement les morceaux. À partir de maintenant d'ailleurs, je ne vais plus enregistrer en mode studio mais tout enregistrer live. Je trouve que c'est le point fort du projet et j'ai envie de garder ce truc-là. C'est une musique qui a besoin de la sève de la scène, d'une certaine urgence.

Et ça fait progresser en concert. L'autre chose c'est que j'adapte beaucoup mes live aux endroits où je vais jouer, au moment où je joue aussi. Là je vais jouer tôt donc je vais faire un truc un peu cool, avec beaucoup de guitares et de mélodies, J'aime ce côté tout terrain.

Tropical Horses
Au Transbordeur (Summer Session du Petit Bulletin) à 18h


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