Isabelle-Cerisaie-Huppert


Construit pour, à l'initiative et avec Isabelle Huppert, cette Cerisaie montée par Tiago Rodrigues est une ode à l'actrice comme d'autres avant lui en ont conçu – on se souvient des Fausses confidences de Luc Bondy en 2014 où elle prenait toute la lumière malgré un casting relevé. C'est encore le cas ici dans ce spectacle crée dans la cour d'honneur d'Avignon l'an dernier. Autour de la star qui incarne l'aristo ruinée Lioubov, figurent pourtant Adama Diop en moujik désireux de racheter la propriété où ses parents et grands-parents étaient esclaves, David Geselson (l'autre moitié du bouleversant Chœur des amants de Rodrigues) ou Alex Descas (que l'on reverra dans l'Iphigénie du metteur en scène bientôt aux Célestins).

Pour raconter ce changement d'époque qu'est la vente de la Cerisaie auquel Tchekhov consacre la dernière pièce qu'il écrit, le successeur d'Olivier Py à Avignon s'appuie sur un décor foisonnant de chaises peu à peu entassées comme un grand ménage qui serait fait à contre-cœur. Il a le sens du plateau, c'est indéniable, mais semble s'être laissé écraser pour l'ampleur de ce projet dans lequel on ne retrouve pas la délicatesse de ses précédents opus. Peut-être aussi parce que Rodrigues n'est jamais aussi juste que lorsqu'il met en scène ses propres textes.

La Cerisaie, au TNP, du 6 au 16 septembre


<< article précédent
Sciarroni, l’art de l’épuisement