Terry Riley in Breizh


C'est en 1964 que Terry Riley, héraut de la musique minimaliste à la douce barbe de prophète, donne naissance à San Francisco, à l'une de ses pièces phares, In C – « en do majeur », en français. Une œuvre considérée comme le point de départ du courant dit répétitif. Le principe, 53 phrases musicales, les premières en do majeur donc, répétées autant de fois qu'ils le souhaitent par 35 musiciens. Si bien que la partition, qui tient sur une page, produit une œuvre aux propriétés élastiques et à la durée aléatoire. Seules contraintes : les thèmes doivent être joués dans l'ordre et un nombre suffisant de fois et s'imprégner de l'alchimie sonore de l'ensemble – contrainte un peu floue, on en conviendra.

Créée pour 35 musiciens sur scène, In C peut en réalité être jouée par n'importe quel nombre d'instruments – et d'ailleurs n'importe quels instruments y compris la voix : il fut enregistré initialement par 11 musiciens et un concert au Walt Disney Hall en comptait 124. Les instruments eux-mêmes importent peu et sont tout à fait interchangeables. Preuve en est, cette représentation pour l'Opéra Underground aux Subs où le sonneur Erwan Keravec convoque une vingtaine de ses congénères sonnant mais ne trébuchant pas (binious, cornemuses, bombardes, trelombardes, veuzes...) dans un dispositif au milieu duquel le public peut déambuler aussi librement que les musiciens sur la partition du maître. Une version "farine de sarrasin" d'une œuvre mythique qui devrait faire date.

In C/20 sonneurs, aux Subs, mercredi 14 septembre

 


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