Dix spectacles de danse à voir cette saison

Comme souvent, la saison danse sera très riche à Lyon, notamment dans trois de ses lieux phares : la Maison de la danse, les Subs et l'Opéra. Nous vous conseillons ici dix spectacles mais nous aurions pu en citer encore beaucoup d'autres !


Rachid Ouramdane

Après sa pièce acrobatique Möbius (2019), le chorégraphe Rachid Ouramdane (directeur du Théâtre national de Chaillot) poursuit sa quête de l'extrême avec plusieurs circassiens, une grimpeuse et un "highlineur" (funambule). Soit dix interprètes au total. Cette "communauté aérienne" défiera à nouveau, dans Corps extrêmes, les lois de la gravité, sur fond d'interrogations philosophiques : l'affrontement avec le vide et le danger, l'attention à l'autre, ou au contraire se retrouver face à soi-même… Le tout dans un décor de murs d'escalade en fond de scène, et de nombreuses projections vidéo d'impressionnants paysages vertigineux.

Corps extrêmes
Maison de la Danse, du 5 au 8 octobre

 

 Jan Martens

Né en 1984 en Belgique, le chorégraphe Jan Martens est l'une des figures montantes de la danse flamande qui en compte tant ! Son œuvre débute en 2010 et est marquée par une démarche originale : non pas imprimer aux corps une gestuelle et un univers imaginaire, mais partir de la vie quotidienne, du réel des gestes et des mouvements. En 2021, au Festival d'Avignon, il enthousiasme le public avec Any Attempt Will End in Crushed Bodies and Shattered Bones (soit littéralement la menace proférée par XI Jinping aux manifestants hongkongais : « toute tentative se soldera par des corps broyés et des os brisés »), directement inspiré par les manifestations pour la défense du climat, les Black Lives Matter et le mouvement des Gilets jaunes.

Any Attempt Will End in Crushed Bodies and Shattered Bones

Maison de la Danse, les 11 et 12 octobre

 

Maguy Marin

La nouvelle pièce de Maguy Marin, Y aller voir de plus près, a pour point de départ les écrits (touffus) de Thucydide sur la Guerre du Péloponnèse ! Soit un grand retour en arrière pour mieux éclairer le présent, en passant par d'autres conflits (Guerre d'Espagne, de Yougoslavie…). Quatre interprètes y évoluent (chantant, disant des textes…) au milieu d'un véritable capharnaüm d'objets, d'écritoires, d'images (fixes ou en mouvement). Créé au Festival d'Avignon l'an dernier, c'est avec enthousiasme que l'on verra enfin à Lyon ce nouvel opus de la chorégraphe dont l'oeil précis et critique sait passer les maux d'aujourd'hui au crible de ses spectacles percutants.

Y aller voir de plus près

À Ramdam, un centre d'art (avec la Maison de la Danse), du 25 au 29 octobre

 

Mette Edvardsen

Pendant quatre jours, avec l'événement « Si loin si proche », les Subs invitent un lieu de création étranger qui leur est proche artistiquement : le Black Box Teater d'Oslo (Norvège). Il y aura beaucoup de danse pour cette édition, dont une curieuse performance, un « tête à tête » entre la chorégraphe Mette Edvardsen et un spectateur. Performance librement inspiré de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, dystopie d'une société où les livres sont interdits et dont les dissidents les apprennent par coeur pour les arracher à l'oubli. Les auteurs proposés par l'artiste iront de Maurice Blanchot à Milan Kundera en passant par Saint-Exupéry, Barnard-Marie Koltès, Camara Laye. Depuis ses premières créations en 2002, Mette Edvardsen importe sur scène des médiums tels que la vidéo, le livre et l'écriture.

Le Temps s'est endormi dans le soleil de l'après-midi (dans le cadre de « Si loin si proche » aux Subsistances du 11 au 15 octobre)

Aux Subs les 12 et 13 octobre 

À la Bibliothèque Municipale de Lyon les 13 et 14 octobre

 

Anne Teresa de Keersmaeker

La chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker (née en 1960), l'une des figures les plus importantes de la danse contemporaine, poursuit son exploration, précise et virtuose, des relations entre la danse et la musique. Sa dernière création, Mystery Sonatas/for Rosa, s'empare des quinze Sonates du Mystère du compositeur baroque autrichien Heinrich Ignaz Franz von Biber, composées vers 1676. Celles-ci retracent les mystères sacrés des vies de Marie et du Christ, et ont pour caractéristique de "pousser" le violon à des hauteurs inhabituelles. En plus de la musique, la géométrie est l'un des grands dadas de la chorégraphe, et cette pièce explorera le motif et la symbolique de la rose. Six interprètes plongeront dans cette musique complexe pour un spectacle très attendu.

Mystery Sonatas/for Rosa

Maison de la Danse, les 8 et 9 novembre

Iona Kewney

Iona Kewney a été formée aux Beaux-Arts en Ecosse, à la danse aux Pays-Bas et au cirque en Suède ! Ses solos et ses performances débutés en 1998, en résonance avec sa triple formation, sont des objets artistiquement hybrides, et qui se démarquent par leur énergie, leur puissance et leurs prises de risque (Iona Kewney a dansé aussi pour le chorégraphe fou furieux Wim Vandeykebus, et avec Alain Platel qui ne l'est guère moins !). Les Subs l'invitent pour présenter une création en collaboration avec le musicien Joseph Quimbey. En plus de la musique et de la danse, les arts visuels seront aussi présents dans cette quête des formes extrêmes du corps et du vivant.

Knights of the invisible

Aux Subs, du 10 au 12 novembre

 

Lucinda Child

Créée en 1979, la pièce de la chorégraphe américaine Lucinda Childs (née en 1940) est une œuvre clef de la danse contemporaine. Sur une musique de Philip Glass, huit danseurs y interprètent cinq séquences répétitives, redoublées par des projections des mêmes mouvements en fond de scène. Un mouvement perpétuel qui s'enrichit de variations aussi infimes qu'importantes. Il s'agit ici d'une tentative singulière d'arracher la danse à toute forme de narrativité, de théâtralité et d'artifice, pour en extraire ce qui lui est propre. Quitte parfois à désarçonner le public ! La pièce est entrée au répertoire du Ballet de l'opéra en 2016. Elle est reprise avec en bonus, un solo créé pour l'occasion pour une danseuse du Ballet par Lucinda Childs, Danser encore.

Dance + Danser encore par le Ballet de l'Opéra de Lyon

Au Toboggan, du 2 au 4 février 2023

 

Hélène Iratchet

Danseuse pour Gisèle Vienne et Christian Rizzo, la chorégraphe Hélène Iratchet est une passionnée de sciences humaines et des mutations de notre société contemporaine… Et ce, toujours avec beaucoup d'humour ! Athlète de formation, elle crée ses propres pièces depuis 2004 et multiplie des objets scéniques hybrides. Sa prochaine création, Les Délivrés, fera s'entrechoquer le monde de la danse contemporaine avec celui des livreurs à domicile, par trois interprètes. Une mère et sa fille qui répètent une danse inspirée de William Forsythe y sont soudain dérangées par l'arrivée inopinée d'un livreur. Extravagance, grotesque et énergie seront au rendez-vous.

Les Délivrés

Aux Subs, du 21 au 24 février, dans le cadre du Festival Sens dessus dessous. Et présentation d'une étape de création aux Subs vendredi 30 septembre

 

Boris Charmatz

Cela fait bien (trop) longtemps que l'on n'a pas vu Boris Charmatz à Lyon ! L'enfant terrible de la scène contemporaine française a multiplié les pièces intimes ou chorales les plus singulières, jouant de défis formels et physiques, ou de dispositifs contraints. Il présentera à Lyon un solo créé en 2021, Somnole. Le chorégraphe-danseur s'y met dans un état de somnolence, avec un corps traversé de rêveries et de mouvements involontaires. Le tout sur une « partition » de sifflements de mélodies (de Bach à Vivaldi, de My way aux Feuilles mortes). Les gestes de Charmatz sont directement reliés aux sifflements, et au type de respiration qu'ils impliquent. L'onirisme, le souffle, la somnolence : autant de voies pour inventer de nouveaux mouvements.

Somnole

À la Maison de la Danse, le 6 avril

 

Yuval Pick

Destinée au jeune public (mais pas seulement), la dernière pièce de Yuval Pick, FutureNow a pour point de départ quatre récits d'enfance de ses quatre interprètes. Le chorégraphe a adressé, au départ, quelques questions simples et concrètes à ses interprètes : « Comment j'étais créatif enfant ? Quand me suis-je senti différent, dans ma jeunesse ? »… Des moments fondateurs dont les narrations au micro vont vite évoluer en bandes sonores (textes et musiques) et en mouvements, et s'entremêler les uns aux autres. Une nouvelle tentative du chorégraphe, sur un mode plus léger, d'interroger le rapport à soi et le rapport au aux autres, les racines de la subjectivité et de la créativité.

FutureNow

À la Maison de la Danse, du 25 au 28 avril


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