Radio Vino, en ondes et en vrac

À Saint-Just, une drôle de cave a ouvert durant l'été. Drôle, non parce qu'on y trouve du pif en vrac, mais parce qu'y sont placés des micros, ceux de la Webradio Radio Vino, fondée par un homme de vin, Thierry Poincin. 


Du 21 au 23 octobre aura lieu dans le 3e arrondissement de Lyon la première édition du Vin est une Fête, week-end dédié au jaja naturel — c'est à dire plus que bio. Outre les cuistots et des vignerons, on repère sur la liste des invités une radio : Radio Vino. Le week end suivant aura lieu à Chamonix la première édition de Casse-croûte, festival hybride dédié à la gastronomie, au vin, à la nature. Sur la liste des festivités, on repère une prestation radiophonique, dans le très sympathique bistrot des Cristalliers, et ce sera avec Radio Vino. Mais que peut donc diffuser une radio dédiée au bon glou ?

Cette semaine on y écoutait un reportage, c'était sur un couple qui près de Colmar cultive ses vignes sans machine, avec Skeepy, leur cheval. En podcast, on en trouvait d'autres, sur une reconversion, sur un chai urbain, sur les vendanges tardives, et des interviews, et des séries (une année dans les vignes ou filles de vignes).

Radio Vino c'est une webradio, fondée il y a sept ans par Thierry Poincin, à Paris et qui eut pour première voix l'illustre Sébastien Demorand. Pendant que la station prenait de l'épaisseur, Thierry a déménagé à Lyon, et c'est à Saint-Just qu'il a finit par poser ses micros. Et ses bouteilles : puisqu'il est aussi vendeur de vin (vingt ans d'expérience). Ou plutôt ses cuves : il s'était fait un nom à Paris dans le vin en vrac. 

Il venait de l'humanitaire

Revenons à Skeepy, le cheval. Le reportage est signé Julien Gangan. Lui aussi traîne dans le monde du vin naturel depuis un petit moment. Il y est entré par l'intermédiaire de Vercoquin (l'historique cave du 7e), c'était  il y a huit ans, quand il débarquait à Lyon en quête de reconversion — il venait de l'humanitaire, avait bossé à l'ambassade du Nigeria quand Macron y était en stage, il ne s'en souvient pas. On l'a aussi croisé à la buvette des Débouchées, l'excellent salon associatif qu'il a quitté lors d'une dernière magnifique édition dédiée au vin d'altitude. On l'avait vu opérer à Attable (un magique festival, ancêtre du rendez-vous chamoniard cité plus faut), en hommage à Bocuse.

Puis il a mis les voiles : « j'avais besoin de prendre l'air alors je suis allé travailler dans les vignes. C'était dans le muscadet chez Jacques Février du domaine Le Raisin à Plume et Julie Reux, journaliste qui édite Vino Futur. Ça devait durer deux semaines sauf qu'il y a eu l'annonce du confinement et ça a duré deux mois. » Il profite du moment pour écrire des textes, les envoie à Radio Vino. Thierry lui propose plutôt de les lire à l'antenne. Il enchaîne avec un Tour de France des vignes : de l'Alsace au Pays Basque en passant par la Champagne et le Bugey. À peine a-t-il reposé ses valises à Lyon que Thierry l'embarque dans son aventure.

Il faut des bonnes cuisses

Radio Vino c'est donc désormais, outre une radio qui diffuse 24h/24h et une série de podcasts, un joli local à la façade toute blanche, au rez-de-chaussée d'un bâtiment plus tout neuf, à côté de l'Église de Saint-Just. Il faut des bonnes cuisses si on veut y monter par le Gourguillon, ce que font chaque soir des hordes de runners, dont on ne sait pas s'il viendront à terme se réhydrater ici. Sous le plafond à la française, une mezzanine sert de studio : « on souhaite qu'il soit possible d'enregistrer à tout moment quand un vigneron est de passage par exemple. Comme ce sera le cas prochainement, avec un vigneron italien du Frioul. Il posera ses bouteilles, et s'il veut parler, sérieusement ou non, il pourra. »

Sur le mur de droite on trouve de drôles de mini cuves de 80 litres : elles contiennent des vins de l'année (de Karim Vionnet dans le Beaujolais ou de Louis Julian dans le Gard ) qu'on soutire pour remplir des bouteilles consignées. Sur le mur de gauche une étagère accueille des bouteilles de Camille Lapierre (la fille de Marcel, une figure du vin naturel en Beaujolais), d'Yvon Metras, ou bien d'Antonin Azzoni (le fils de Gilles, autre figure du vin naturel en Ardèche). Par exemple, Nedjma, un blanc que la maison recommande « parce qu'on ne sait jamais ce que son ouverture nous réserve » et « parce ce qu'on aime ici les vins mais surtout les gens qui les font ». À vos transistors.

Radio Vino
47 rue des Farges, Lyon 5e
Tous les jours de 10h à 20h (de 9h30 à 13h30 le dimanche)
Tous les jours et à toute heure sur radiovino.fr


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