Casse-croûte : des vacances à table

Le week-end de la Toussaint, Arty Farty organise à Chamonix l'événement culinaire le plus excitant de l'année.


L'association à l'origine de Nuits sonores a étendu son champ d'action au-delà de la musique (cf. European Lab et We are Europe) et au-delà de Lyon (cf. NS Brussels ou Colombie). Arty Farty n'en est même pas à sa première incursion dans le domaine culinaire : elle eut un resto au centre nautique (À la piscine), elle co-organisa Attable (dément festival, en 2018). Des gestes marqués par une volonté, si ce n'est de rupture (on se souvient d'un banquet hommage à Bocuse), au moins de secouer le cocotier et d'ouvrir l'horizon (après Lyon, il y a l'Europe).

Trop vite, trop fort ? Les deux initiatives ont vécu. Mais Arty Farty retente sa chance, plus loin du Rhône, plus près des sommets. Le choix de Chamonix s'explique : c'est le toit de l'Europe, un environnement gastronomique doté d'une vue qui rappelle que le monde change et doit changer. C'est donc là, autour d'un triple enjeu (« partage, proximité, environnement »), que l'association convie quatre jours durant des cheffes, des producteurs, des vigneronnes, des autrices, des chercheurs et des artistes. 

Pour ce rendez-vous qui se veut « engagé, exigeant, mais populaire », Vincent Carry s'est appuyé sur des acteurs locaux (Bertrand Brême entrepreneur et Karine Saguès designer) et sur des références culinaires. D'abord Monsieur Andrea Petrini (Gelinaz, ex-50 Best), qui assurait déjà la programmation d'À la piscine. Ensuite, le chef Mathieu Rostaing-Tayard, qui fut à la barre du Café Sillon dans le 7e, qui accueillit une nuit de folie du festival Attable, et qui passa aussi par Chamonix (c'était au Hameau Albert-Ier). Ça fait du beau monde aux manettes, auquel il faut ajouter des compagnons de route d'Arty Farty comme Laurent Garnier, qui, paraît-il, « aime être en cuisine quand il n'est pas aux platines ». 

Chef étoilé en combi' latex

On ne fera pas le tour d'une programmation excessivement fournie. On pourra tout juste citer les débats, qui porteront sur la "Génération bascule" (avec Tanguy Descamps et Maxime Olivier, ayant rassemblé des récits de bifurcation face à la crise climatique), ou sur "Chamonix sentinelles" (avec l'anthropologue Nicolas Nova, auteur d'un jeu de rôle sur l'adaptation à la crise environnementale). Et puis les cueillettes, les visites architecturales, les expos, les émissions de radio, les dégustations de vins, les expériences sensorielles, les DJ sets. Et on s'attardera sur les chefs invités.

Le vendredi, Nicolas Darnauguilhem investira l'imposante Maison Carrier pour un dej' d'inauguration - l'occasion de goûter une cuisine inaccessible depuis qu'il s'est enfui de Genève vers les alpages de Gruyère. Au même moment, Guillaume Monjuré (que l'on connut à Lyon, au Palégrié) préparera le repas des résidents de l'EPHAD. Le samedi, on déjeunera, comme tout le week-end, à la cantine du festival, et on s'emballera le soir pour la cuisine de Nadia Sammut (représentant « la jeune garde européenne »), ou de Valter Kramar (parmi les chefs issus de l'arc alpin, ici la Slovénie). Le lendemain soir, après le barbeuc' de Mathieu Rostaing au bord de la mer de Glace, on sera guidé au dîner par Oliver Piras et Alessandra Del Favero, du Royal Monceau. Le lundi on brunchera avec Laurent Garnier et on dinera avec Giuliano Baldessar, chef étoilé en combi' latex, ou Luka Košir, auteur slovène, nous promet-on, d'une cuisine « hyper-pointue, locavore, et jusqu'au-boutiste ». Et si le meilleur était pour la fin ? Le festival se clôturera le mardi par un grand banquet concocté par M. Monjuré, avec les restes de ce week-end d'agapes. 

Casse-croûte
À Chamonix du 28 octobre au 1er novembre

Repas : de 45 à 120€, à réserver sur https://cassecroute-chamonix.eu/
Concerts et DJs sets (Sheitan Brothers, Obi Bora, Gioya, Flegon...) : 5€
Petits-déjeuners, débats, ateliers : gratuit


<< article précédent
À la Girafe qui se Peigne, Cécile Laforest, gynocratique