Au corps de l'œuvre de Dominique d'Acher


C'est à une vertigineuse descente parmi les entrailles que convie, au début de sa carrière, Dominique d'Acher (1929-1991), avant de faire apparaître, de ces entrailles mêmes, des figures mi- monstrueuses mi-naïves, à partir des années 1960. Marquée par l'art informel de Wols ou de Fautrier, par l'enseignement de Bernard Réquichot aux Beaux-Arts de Paris, l'artiste travaille le geste, la matière, dans ses premières œuvres des années 1950.

L'organique s'impose davantage ensuite dans ses travaux sur papier : vif et tourmenté dans sa série Recherche des sources de la vie, suggéré et réservé dans ses Papiers silencieux. À chaque fois, l'équilibre est fragile au-dessus du chaos de l'éclatement et de la dispersion des formes.

Dans les toiles des années 1970 présentées à la galerie Chartier, des corps et des visages s'affrontent à l'espace et à la lumière, à travers parfois une palette particulièrement acidulée. Et de drôles de petits bonhommes surgissent à tous les coins du tableau, avec de curieux réseaux veineux et filandreux qui sont, autant, un lien au vivant qu'un étiolement de la figure. C'est sans cesse dans cet entre-deux, entre dedans et dehors, que d'Acher compose : entre une vie anarchique organiques et des formes-visages vouées à la disparition.

Dominique d'Acher, Les chantiers organiques de l'inachevé
À la Galerie Henri Chartier jusqu'au samedi 5 novembre


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