Messiaen libère les temps


Partition éclatée, singulière, folâtre, bifurcante, le Quatuor pour la fin du temps passe de la tristesse à la joie, du solo à l'emportement choral, de la lenteur à des rythmes échevelés… Il a été composé par Olivier Messiaen alors que celui-ci était prisonnier de guerre dans un stalag allemand à la frontière germano-polonaise. Quatuor constitué, pragmatiquement, à partir des musiciens emprisonnés dans le même camp : le violoncelliste Étienne Pasquier, le violoniste Jean Le Boulaire, le clarinettiste Henri Akoka, et Messiaen au piano.

La première audition publique eut lieu devant les prisonniers et leurs gardiens le 15 janvier 1941. On dit qu'ils étaient quatre cents, on imagine qu'ils furent plutôt décontenancés par la musique hors norme de Messiaen, avec ses évocations de chants d'oiseaux, ses rythmes alternatifs hindous et grecs… !

Quatre-vingts ans après, cet opus virevoltant et libre étonne encore. Inspiré par l'Apocalypse de Saint-Jean, subdivisé en huit tableaux, le quatuor de Messiaen nous plonge dans une fin du temps qui est, tour à tour, le temps de la fin et de la tristesse, la fin des temps et des rythmes classiques en musique, ou encore la fulgurance et l'épiphanie qui s'arrache à la continuité du temps !

Olivier Messiaen, Quatuor pour la fin du temps par les Musiciens de l'ONL
À la Salle Molière le mardi 15 novembre


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