debbie tucker green, tranchante


Tout s'écrit en minuscule, si l'on respecte le désir de l'autrice debbie tucker green, eu égard au mouvement de l'activiste afroféministe bell hooks, décédée l'an dernier.

Le théâtre de la Britannique est ainsi fait : maturé dans une forme d'acide à l'instar de ses acolytes du célèbre mouvement théâtral des années 2000 Outre-Manche, le in-yer-face theater. Moins connue que Sarah Kane ou Mark Ravenhill, tucker green procède plus par asphyxie que par combat frontal. Elle ne figure pas la violence, elle la fait ressentir via ses personnages qui se nomment Un, Deux et Trois. Avec des phrases jamais vraiment finies, brutes, brutales, elle décrit, dans un "presque futur" qui semble quasi d'actualité, comment une femme va devoir choisir la sentence de son bourreau.

Politiquement puissant

Dans un bureau froid et clinique, toutes les possibilités de mise à mort sont méticuleusement étudiées avec deux agents d'une administration qui ne dit pas son nom tant elle n'a plus rien de public. La justice est à géométrie (très) variable et les règles d'État s'effacent derrière le privé. Cette noirceur est portée au plateau sans fioriture (à l'exception d'un bruitage de couperet en fin de pièce) par Caroline Boisson, co-fondatrice du Théâtre de l'Iris et Vanessa Amaral, toutes deux aussi en jeu avec Serge Pillot.

Ces mots esquivés et difficilement jouables produisent une sorte de mélodie rayée qui servent ce texte âpre, politiquement puissant, qui a été couronné par le Prix Domaine étranger des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2019.

corde. raide
Au théâtre de l'Iris du jeudi 17 au dimanche 20 novembre


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