Morau se fait la Belle

Marcos Morau crée avec le Ballet de l'opéra une nouvelle version du ballet La Belle au bois dormant. Une relecture contemporaine tant dans la gestuelle que dans les nouveaux enjeux du conte d'origine.


C'est une belle surprise : le chorégraphe espagnol Marcos Morau s'empare du célèbre ballet de Tchaïkovski, La Belle au bois dormant, pour le plonger, le déconstruire et le distiller dans son propre univers. Un univers que l'on sait particulièrement froid d'apparence, mais où l'intensité et la sauvagerie sourdent toujours.

Sa gestuelle ciselée, voire clinique, confronte la géométrie et l'abstraction à l'organique, la narration aux peurs et aux angoisses. Le chorégraphe compose des images peuplées de fantômes, traversées de flashs de lumière blanche, qui versent souvent dans l'inquiétante étrangeté… Que deviendra la "Belle" entre ses mains chirurgicales et ambivalentes, en compagnie de treize danseurs du Ballet de l'Opéra ? Telle est la question de cette première création de Morau avec le ballet lyonnais. Il est annoncé que le conte y sera épuré jusqu'à l'os et reflètera notre propre temps, le chorégraphe indiquant dans le dossier de presse : « voilà l'espace que nous laisse cette légende, celui d'imaginer notre propre sommeil de cent ans qui est, en fin de compte, notre propre vie ».

Danse ouverte

Né près de Valence en Espagne en 1982, Macos Morau a déjà plus de vingt-cinq pièces à son actif, explorant l'inconscient et les parties irrationnelles de la condition humaine. Deux de ses œuvres ont été directement influencé par son compatriote, le cinéaste surréaliste Luis Buñuel.

À la danse, Marcos Morau ajoute aussi une dose de théâtralité et de références aux arts plastiques. Lui-même formé à la danse, au théâtre et à la photographie, il ne cesse de naviguer et d'entrecroiser les univers artistiques. En 2005, il a créé La Veronal, un collectif rassemblant artistes de la danse, du théâtre, du cinéma et de la photographie. Un déplacement dans les disciplines que le chorégraphe doublera ici d'un déplacement parmi les temporalités : celles d'un conte ancien, de costumes d'époque, de gestuelles contemporaines et d'enjeux subjectifs et actuels.

Marcos Morau + Ballet de l'Opéra de Lyon, La Belle au bois dormant
À l'Opéra de Lyon jusqu'au jeudi 24 novembre


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