Usé, jusqu'à la corde


Usé fatigué ? Oui, et non. Bon, l'Amiénois n'a jamais produit une musique dont on peut dire que son auteur pète le feu et se bouffe 18km à la course tous les matins à l'aube avant de rentrer se faire un bol de prot'. Non, Usé, c'est plutôt ambiance Chien d'la casse, du nom de son premier album – une révélation grunge de terrain vague (à l'âme) –, bières tièdes et artisanat rouillé.

Depuis, l'eau (croupie) a coulé sous les ponts (un deuxième album baptisé Selflic) et ça ne s'est guère arrangé. Pour résumer, ça va mieux mais mal et Usé l'est jusqu'à la corde, qu'il martyrise dans une veine toujours aussi anti-système, car le chien d'la casse n'est surtout pas à sa mémère.

La preuve, Couleur brique s'ouvre sur une toux bien grasse et un rire sardonique (c'est accueillant), introduisant une boucle sur laquelle est scandé : « le chef d'é, le chef d'é, le chef d'État » (et ce n'est pas hommage). Mais l'anti-système est aussi musical avec cette synth-pop cradingue, cet indus à deux doigts du désindus, ces ritournelles malades à la Suicide et, sur Acétone en automne, seule concession à un semblant de joliesse, ce crooning zombie parfois, plus mort que vivant. C'est à sa manière qu'Usé est dans la forme de sa vie.

Usé
Au Sonic le vendredi 16 décembre


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