Lyon : 10 concerts pour bien commencer l'année 2023

L'année précédente digérée, et avec elle, les agapes des réveillons, les affaires reprennent sur les scènes de musiques actuelles. Beaucoup de choses à voir et entendre dont nous vous livrons une sélection premium. 


Benjamin Biolay & l'ONL

Ç'a peut-être des airs de déjà-vu, déjà-entendu, mais c'est sans doute pour ça que c'est aussi alléchant. Car la précédente prestation de Benjamin Biolay, grande fierté locale, en compagnie de l'Orchestre National de Lyon est restée dans les annales de ceux qui l'ont vue – et risquent d'être tentés de revenir. Où l'auteur de La Superbe s'attaque aux grands moments – et ils commencent à être sacrément nombreux en dépit d'un dernier album en demie-teinte – d'une carrière longue de 20 ans. Des redites comme ça, on en veut plus souvent.

Vendredi 3 février et samedi 4 février à l'Auditorium


Alela Diane

La première fois qu'on a défendu Alela Diane dans ces pages c'était il y a presque 15 ans. La jeune folkeuse de Nevada City livrait alors The Pirate's Gospel son premier album qu'elle défendait à Lyon. Depuis, elle est revenue quasiment à chaque nouveau disque et a même participé à un de nos PB Live en 2014. Manière de dire que celle qu'on a pu voir mûrir de disque en disque ne nous a jamais déçus. Elle revient cette fois avec le très beau Looking Glass, dans lequel, elle qui met sa vie dans ses disques (séparation, maternité), elle regarde le chemin accompli comme depuis un miroir sans tain.

Mardi 7 février au Radiant-Bellevue


Fuzz

Fuzz c'est un peu la version "lait concentré" de tout ce que le revival garage rock a livré depuis dix à quinze ans sur la scène indé : un son garage, des envolées psyché, des dérapages stoner et beaucoup de fuzz, forcément. Pas étonnant, l'affaire est menée de main de maître par l'un des papes du garage, Ty Segall. Quant à la discographie du groupe, leurs albums s'intitulent Fuzz, II et III, à la manière des vénérables aînés de Led Zep. Prévoir, pour cette reprogrammation d'un concert annulé il y a quelques mois, des bouchons d'oreilles homologués par l'Association des amis du marteau-burineur.

Lundi 6 mars à l'Epicerie Moderne


The Inspector Cluzo

La saison du foie gras étant passée (pas à l'heure où l'on écrit ces lignes mais à l'heure de ce concert), les deux éleveurs de canards-rockeurs du Sud Ouest reprennent la route avec leur folk bien gras (mais c'est du bon gras). En 2020, les deux avaient livré Brothers in Ideal, une revisite Unplugged (sobriété oblige, sans doute) de leur œuvre passée. Cette fois, les voilà qui reviennent avec un album original, Horizon, qui se positionne, en douceur (du moins dans les extraits déjà livrés), c'est très beau, face au changement climatique et à leur condition de paysans.

Mercredi 8 mars au Kao


Gabriel Kahane et Momentum

Si vous êtes habitué de ces pages, alors on ne vous présente pas l'un de nos chouchous. Tout juste se contentera-t-on de citer les qualificatifs fournis par l'Opéra Underground pour vendre son événement sur ses supports de communication : « songwriting de haut-vol » et « classe inclassable et classieuse ». Ce qui est assez bien résumé. La spécialité de Kahane : enfermer l'immensité du territoire et de l'histoire américaine dans des miniatures pop à tomber et des albums souvent conceptuels mais jamais prétentieux. Particularité ici, le songwriter (de haut vol, donc) sera accompagné par le Quatuor Momentum. Il risque de tomber des cordes.

Jeudi 9 mars à l'Opéra Underground


The House of Love

C'est sans doute le concert où l'on comptera le plus de fans des Inrocks de la grande époque. Celle du mensuel à l'avant-garde de la pop et de l'indépendance, bien loin du rachat par un banquier. The House of Love en fit plusieurs fois la couverture et représentait l'un des chouchous des amateurs d'indie-pop britannique. Un groupe qui a réussi l'exploit de publier deux chefs-d'œuvre éponymes (The House of Love en 1988 et The House of Love en 1990, identifié comme « l'album au papillon »). En plus de quelques tubes devenus des classiques (Shine On, Christine, The Beatles & The Stones...). Après plusieurs séparations et reformations, le groupe – Guy Chadwick principalement – a publié, après 9 ans d'absence discographique totale, le très bon A State of Grace.

Lundi 27 mars à l'Epicerie Moderne


Aldous Harding

Après Alela Diane, c'est une autre princesse du folk qui vient adoucir les mœurs scéniques des Lyonnais. S'il y a une légère parenté avec la Californienne, elle n'est pas géographique. Elle vient de Nouvelle-Zélande. Qui plus est, Aldous, qui flirte volontiers avec l'indie pop malicieuse, est plus joueuse qu'Alela – un peu à la manière d'une This is The Kit –, moins traditionnelle, plus sensuelle, parfois plus mal élevée peut-être. Son dernier album, Warm Chris, produit par le grand John Parish, en atteste, qui succède à un immense succès (à l'échelle du folk, qui sait rester discret en toute circonstance), celui de Designer et de son single The Barrel.

Jeudi 30 mars à l'Epicerie Moderne


Godspeed You ! Black Emperor

Les fans de post-rock ascensionnel et plus particulièrement du label Constellation ont probablement les fesses qui font bravo depuis l'annonce et retour scénique, et notamment lyonnais, du groupe montréalais, sans doute l'une des choses les plus puissamment dévastatrices qu'un humain puisse voir en live. On ne comprend pas toujours ce qui se passe et ce qui nous traverse mais c'est sans doute aussi le charme de l'expérience dispensée par ces activistes du rock – et d'à peu près tout ce qui vaut la peine d'être défendu. Leur dernier album G_d's pee AT STATE END !, largement inspiré par la pandémie, donne à voir une nouvelle facette de la fin du monde – l'un des sujets préférés de Godspeed. Si le terme opéra-rock n'avait été à ce point galvaudé par Michel Berger et Luc Plamondon, on l'utiliserait.

Vendredi 14 avril au Transbordeur


Sous l'étoile de Rachid Taha. Brigitte Giraud et Christophe Langlade + Laurent Benitah

Difficile de passer sous silence cette soirée. D'abord parce qu'elle est consacrée à Rachid Taha, disparu il y a plus de quatre ans et qui manque considérablement même si son étoile brille toujours. Ensuite parce qu'y participe Brigitte Giraud, Prix Goncourt 2022 et fierté de toute une ville. Mais c'est bien de Rachid qu'il s'agit ici, à travers La Brûlure, un texte puissant sur Taha écrit peu après le décès du chanteur, conçu pour être lu sur la musique de Christophe Anglade. Pour compléter la soirée, un musicien et chanteur qui l'a également bien connu, Laurent Benitah (ex-Zen Zila).

Vendredi 12 mai à l'Opéra Underground


Depeche Mode

On a connu Depeche Mode en quatuor avant le départ du pilier Alan Wilder, il y a près de 30 ans, qui n'a guère affecté la trajectoire du groupe, contrairement à ce que l'on pensait. Puis donc à trio avec Andy Fletcher pour accompagner – et pouponner – l'hydre à deux têtes de mules Martin Gore/Dave Gahan, vrai couple de frères ennemis. Les voilà maintenant à deux, Fletch étant décédé très soudainement l'an passé. Gore et Gahan vont devoir faire sans leur homme à tout faire justement, peut-être le véritable patron (en sous-marin) du groupe. On s'étonne presque qu'ils le fassent aussi vite mais c'est qu'ils livrent un album en ce début d'année qui rend en partie hommage à Fletcher, baptisé Memento Mori. Les concerts, même dans des stades, risquent d'être chargés d'émotion.

Mercredi 31 mai au Groupama Stadium


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Pascal Comelade : il jouait du piano, des bouts