Un Milo Rau de très haut niveau


Par l'entremise du Centre Culturel Suisse « on tour » dans plusieurs salles lyonnaises en janvier, Milo Rau revient avec Hate radio, créée en 2012, et passée par le festival Sens interdits trois ans plus tard.

Celui qui prend pour matière l'actualité récente et en fait des chefs d'œuvre (un fait divers intrafamilial dans Familie ou une attaque homophobe dans Histoire de la violence, l'affaire Dutroux dans Five easy pieces…), propose ici de regarder à travers les vitres du studio de la RTLM, Radio des Mille collines rwandaises qui, dans les années 90, diffusait la musique d'alors (Nirvana, etc.) entrecoupée d'appels au génocide contre ces « cafards » de Tutsis.

Avec sa troupe d'acteurs belges mais aussi rwandais, le fondateur de l'IIPM  (International Institute of political murder) ne sert pas du théâtre documentaire — « c'est un malentendu » dit-il dans l'ouvrage Vers le réalisme global ; « il n'y a pas de vérité documentaire (…), il nous faut l'art car l'art peut créer quelque chose comme une vérité artistique ».

La sienne est d'avoir extrait chaque parole prononcée dans Hate Radio des archives et d'avoir inventé cette émission qui n'existait pas, sa temporalité, ses personnages. Au final, il produit un spectacle d'une force inouïe, profondément déstabilisant et infiniment intelligent car il ne se calque pas sur le réel (tragique) mais le rend palpable. Absolument immanquable.

Hate radio
Au Théâtre de la Croix-Rousse du mercredi 18 au samedi 21 janvier


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