Les Intergalactiques : embarquement immédiat

D'ordinaire savoureuse, la programmation de cette 11e édition du festival de science-fiction de Lyon ressemble à un sans faute. On ne réfléchit pas : on fonce !


D'hier à demain, le terrain de jeu de la science-fiction ne connaît pas de frontière. Et le ciel, contrairement à l'adage, n'est même pas sa limite. Confirmation avec le volet cinéma des Intergalactiques 2023 promettant de propulser au-delà du firmament son public avec une sélection dense mais qualitative et surtout éclectique.

Démarrant par un anime *officiellement* pour le jeune public (Le Château dans le ciel de Miyazaki tout de même), les réjouissances suivent principalement deux axes programmatiques parallèles : l'un dédié aux formes de vies extraterrestres ; l'autre à des extrapolations politico-sociétales — lesquelles s'avérant en définitives plus effrayantes que les visiteurs d'outre-cosmos. Malicieusement, le premier étage de la fusée compose une soirée avec d'une part le très réussi (et toujours sous-coté, comme la plupart des films de son metteur en scène) Contact de Zemeckis — ce pont entre Kubrick et Nolan pour la quête métaphysico-galactique et la virtuosité de la réalisation — ; d'autre part Premier contact de Villeneuve (surcoté, comme la plupart des films de son metteur en scène ? En tout cas, sans doute meilleur sans sa fin nous prenant pour des jambons).

Le lendemain, une rareté alignant au générique le Wise de West Side Story et Star Trek, le Crichton de Mondwest et Jurassic Park, le Trumbull de 2001 et Blade Runner : Le Mystère Andromède, histoire de psychoter sur les virus extraterrestres.

Futur imparfait ?

Le second étage, celui des tyrannies du futur, s'ouvre paradoxalement par une uchronie du passé : Ces garçons qui venaient du Brésil de Schaffner (1976), imaginant une armée de clones d'Hitler dressés par Mengele (effrayant Gregory Peck) et combattus par Laurence Olivier — qui avait des choses à se faire pardonner avec Marathon Man. Suivront l'asepsie eugéniste de Gattaca d'Andrew Niccol (1997) ; l'avenir peuplé d'une foire aux machines immortelles dans A.I. de Steven “Stanley“ Spielberg (2001) — dont la prescience doit nous mettre autant en alerte que Minority Report sorti l'année suivante — et (dans le off le 29 avril) Idiocracy de Micke Judge (2005), qui paraît beaucoup moins improbable depuis l'avènement conjoint des populismes et des réseaux sociaux — coïncidence ?

Enfin, en bouquet final, Les Intergalactiques offrent une double séance d'avant-premières avec deux films hexagonaux, preuve que le genre est bien en train de revenir dans le paysage : La Gravité de Cédric Ido et Tropic de Édouard Salier. Du bon !

Les Intergalactiques
À la MJC Montplaisir, au Zola, à la Fourmi, au Lumière Bellecour et à l'Aquarium Ciné-Café du jeudi 13 au mardi 18 avril


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Marcel Jacno de A à Z, des Gauloises au TNP