Un monde de bric et de broc

La galerie Slika présente des œuvres récentes (dessins, peintures, sculptures) de l'artiste portugais Francisco Mendes Moreira. Un autodidacte qui fait feu de tout bois pour donner vie et couleurs à quelques bribes de matière et quelques objets naïfs.


À plus d'un égard, Francisco Mendes Moreira (né en 1979, vivant dans le village d'Algés près de Lisbonne) apparaît comme un artiste matérialiste. Matérialisme d'abord des éléments sur lesquels il dessine et peint (ou, plus récemment, sculpte) : cartons d'emballages, boîtes à pizzas, toiles, papiers… Sur ces supports, ses huiles et ses pastels vibrent, prennent une épaisseur, et projettent leur présence brute aux yeux du spectateur.

Matérialisme, ensuite, des éléments figuratifs à partir desquels l'artiste portugais compose les visages et les corps de ses personnages : des briques de Lego®, des masques de bois un peu naïfs, des automates et des pantins, des articles de sport. Tout ici est matière simple, ludique, imposante, et tout prend vie très vite, et couleurs, et drôlerie, voire étrangeté… Les plantent tintent, le boxeur triomphe, le serpent zigzague en jeu de hochet, goguenard et pommelé.

De la Bible aux orteils de son épouse

« Le sujet peut être tout ce qui me vient à l'esprit — une présentation PowerPoint, ma femme qui jure lorsqu'elle se cogne les orteils, des danses latines, des joueurs de la NBA des années 1990, des scènes bibliques... » écrit Francisco Mendes Moreira dans le texte de son exposition à la galerie Slika. C'est la vie comme elle vient, les matériaux tels qu'ils se présentent, les figures telles que le passé et l'enfance les font ressurgir. Dans ses œuvres, la chair est absente pour laisser place à la vie imaginaire des formes géométriques, des personnages-machines, des masques, des jouets un peu désuets.

On y entend comme une musique aussi avec des bois qui craquent, des loups qui jouent de la trompette, des grincements métalliques, des feulements d'air entre les interstices des masques. On y perçoit aussi des références ici ou là à l'art brut, au surréalisme, au cubisme. On y ressent surtout une vie simple et émouvante qui émerge du peu, du dérisoire, du presque vide.

Francisco Mendes Moreira, Caniggia
À la Galerie Slika jusqu'au samedi 6 mai


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