Resta Fary

Deux ans après son spectacle Hexagone — tendre réflexion sur la question de l'identité par un enfant issu de l'immigration— c'est empli d'observations plus intimes que Fary revient sur scène, à la Bourse du Travail, pour (se) livrer à son troisième spectacle : Aime moi si tu peux


Un style toujours sophistiqué — tantôt drapé samuraï, tantôt dark Jedi — et l'éloquence d'un slameur des temps modernes (Fary est d'ailleurs le premier artiste non musical à s'être saisi du micro de la chaîne allemande Colors pour dénoncer le racisme et le délit de faciès), l'humoriste aux dix ans de métier, prouve avec son nouveau spectacle qu'il est plus dans le game que jamais, devenu l'un des noms les plus prestigieux du stand-up français. 

Délaissant pour un temps les thématiques ardentes de la discrimination, de la religion ou de l'identité (on retiendra son sketch poignant et corrosif Salut les Blancs aux Molières en 2019) — au profit du mythe amoureux, Fary décide de se glisser dans l'intime, et réussi le pari périlleux de faire d'un sujet a priori éculé, un véritable bijou de poésie et d'autodérision. « J'avais cette appréhension d'être réduit à certaines thématiques. Ce spectacle vient montrer que je peux parler de choses plus universelles, avec toujours des sujets politiques en fond » expliquait-il récemment à Sonia Devillers sur France Inter.

Infidèle endurci

Avec son flegme caractéristique, il décortique les normes tacites instaurées dans le couple, à travers le récit d'un trentenaire — abîmé par la tromperie et infidèle endurci — qui découvre la vie à deux. Fary ruse de son "Je" pour faire glisser les identités, rendant alors sa première personne universelle et poreuse, évitant ainsi les clichés d'un récit amoureux hétéro-barbant. Plus poétique que polémique, le stand-uppeur à dreadlocks nous rappelle que l'humour est un art à manier avec délicatesse. Excluant le trash, il s'empare pourtant des sujets actuels avec adresse et légèreté pour jongler toujours avec plusieurs formes de vérités.

Fary, Aime moi si tu peux
À la Bourse du Travail le dimanche 30 mai


<< article précédent
Benoît Volnais : « ne pas penser au contexte politique est pour moi un peu irresponsable »