Rosa Bursztein : jouir et faire rire

Humoriste, réalisatrice, comédienne, podcasteuse, autrice… Rosa Bursztein ne s'interdit aucun médium quand il s'agit p(r)êcher la bonne parole et de vanter les mérites d'une sexualité décomplexée. Elle joue son spectacle « Rosa » à la Comédie Odéon, c'est bon !


« J'en ai marre d'être un objet, ça donne quoi si je deviens sujet ? » se questionne Rosa Bursztein. « Les hommes font des blagues de cul depuis toujours, et ça va de soi. On attend de la femme française une élégance, moi, j'assume le désir, la libido, l'envie de jouir. » 

Elle est l'hôte et l'autrice du bien nommé podcast Les mecs que je veux ken — décliné en livre. Elle invite des personnalités sur sa chaine Youtube, à venir mater du porno face cam, en assurant l'audio-description. Elle a utilisé sa photo Tinder comme affiche de spectacle, et anime l'émission Orgasmiq, un talk-show sur la sexualité. Tous les projets de Rosa Bursztein ont un dénominateur commun : « le cul, oui, mais aussi le sentiment de honte, dans la vie en général » confiait-elle sur France Inter.

La trentenaire, qui a commencé le stand up pendant la révolution #MeToo, semble en paix avec l'idée de déplaire, de déranger. Dans Rosa, elle joue avec la liberté qu'offre le stand up, qu'elle oppose à un certain aspect corseté du théâtre — duquel elle tient un héritage classique.

Jouer à décoincer

Dans un jeu d'équilibriste — où l'improvisation est savamment dosée pour permettre au public de jouer — Rosa ose nommer les choses. Elle évoque crûment, dans un lexique parfois malicieusement emprunté à la masculité toxique, des sujets tus ou mystifiés, et nous livre ses analyses sur sa sexualité. « Je suis déjà sans filtre dans la vie, la scène permet juste de le faire de façon rémunérée » normalise-t-elle. Vêtue d'un pyjama de soie et libérée de ses chaussures, la comédienne s'installe. Et, semblant réfléchir à haute voix, explore le consentement, sa « chatte » (et toutes les autres), ou sa façon de vivre la sororité : « quand je forme un mec sexuellement, c'est jamais tout à fait pour moi mais aussi pour celles d'après. Je considère que c'est ma participation au combat féministe. » Et si, au commencement était la verve de Blanche Gardin, la relève s'installe bel et bien. Mais il serait réducteur d'essentialiser l'artiste au rôle de la sexologue de boulevard. Rosa est aussi un prétexte pour soulever les questionnements fleuve de l'artiste — notamment politiques : « je redoute le substrat de droite, j'ai peur d'être une mauvaise gauchiste, une mauvaise féministe, une mauvaise écolo ! ». 

Rosa Bursztein, Rosa
À la Comédie Odéon le samedi 3 juin 2023 et les vendredi 19 et samedi 20 janvier 2024


<< article précédent
Fast & Furious X : L’avant-dernier pour la route