Forest Pooky : le quart d'heure américain (et ardéchois)

Désormais lyonnais, l'homme aux mille projets, est de retour en solo avec un disque hybridant folk, pop et punk. Un travail d'orfèvre qu'il vient en plus présenter sur la scène du Marché Gare. 


Dix ans que les fans attendent le deuxième album solo de Forest Pooky. Autant dire une paye. Ne pas croire pour autant à une flemmardise façon Laurent Voulzy (un album par décennie en moyenne et c'est bien assez). C'est plutôt que Forest a toujours tellement de fers au feu qu'il doit lui-même s'y perdre entre groupes ayant pignon sur rue et groupes parallèles, pour ne pas dire carrément perpendiculaires ; et ont aussi fait paraitre un EP et un disque de reprises. En réalité, le plus Américain des Ardéchois (et inversement) et un stakhanoviste du songwriting, le reste n'est qu'une affaire de distributions des tracks au projet le plus à même de l'accueillir. Forest Pooky en solo, c'est le versant folk, barbe fleurie, guitare acoustique, de la carrière de cet irréductible punk tombé dans la pop assez tôt (et inversement là encore). Une formule tellement entrelacée dans ces genres que le résultat est unique, mélange de gueule d'atmosphère subliminalement hardcore, de verve mélodique digne des plus grands et de fragilité boisée folk.

Spectre spookien

En gros, c'est Brian Wilson et les Beatles qui jouent à chat dans la forêt avec Rancid, Evan Dando et aussi Lou Barlow. C'est que Forest partage avec cet autre hyperactif (Sebadoh, Sentridoh, The Folk Implosion, la basse de Dinosaur Jr.) cette capacité à pondre à la chaîne des chansons sublimes fringuées comme l'as de pique. Le résultat ici se nomme Violets are red, roses are blue and dichotomy (amour à peine voilé pour les titres alambiqués) et se teinte également d'une vraie couleur 90's, à l'image du très skate Marvellous, des envolées de Crazy Heart ou du tubesque The Ceiling And The Floor. Surtout le disque, bien que très cohérent, parvient à joindre les deux bouts du spectre pookien avec la ballade au piano Voice of Silence et les sidérurgiques What You Gonna Do ? La palme de ce disque sans faiblesse revient néanmoins au très beau Jojo, sur lequel le musicien semble même laisser de côté son gros côté tongue-in-cheek. Il y a deux ou trois décennies ce titre aurait fait office de tube de l'été. Quart d'heure américain en vue au Marché Gare.

Forest Pooky + Sons of Buddah + Chris Gordon 

Accompagné d'une exposition photo de David Basso et de dessins de Roxane Rastrelli

Au Marché Gare vendredi 2 juin

Violets are red, roses are blue and dichotomy (Kicking Records)


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Joyeux anniversaire P.O.L.