Vies de chiens

À la galerie Slika : du noir, des nappes de musique électronique et de petits chiens sculptés dispersés sur le sol. Soit une belle introduction à l'univers de Nicolas Jullien, pour sa première exposition personnelle en France.


Comme pris dans les phares d'une voiture, les nombreux "toutous" (caniches, teckels et autres petits "bâtards") sculptés sur bois de Nicolas Jullien jonchent le sol de la galerie Slika plongée dans la pénombre. Le tout baigné d'une musique électronique composée par l'artiste. Roux, noirs, bruns ou blancs, ces chiens nous jettent de curieux regards de leurs billes parfois un peu hallucinées, confiantes ou méfiantes. Ils peuvent paraître sympathiques ou hostiles selon les cas, selon les angles de vue. Certains tournent sur eux-mêmes, d'autres allongés semblent plongés dans un demi-sommeil, d'autres encore, plus drolatiques, exécutent une sorte de poirier !

Sculpter pour les animaux

Les sculptures ont un air naïf et brut, propre au style de Nicolas Jullien. Un style que l'on retrouve dans ses œuvres sur bois empreintes de franchise et de simplicité, ou dans d'autres de ses créations, comme les films animés qu'il réalise avec son frère Jean Jullien (on vous conseille sur le site de l'artiste de regarder le court métrage d'animation Adieu, narration épurée et mélancolique de la vie d'une femme, de sa naissance à sa disparition, en passant par toutes étapes de l'existence).

Né en 1985, vivant à Paris après dix ans passés à Londres, Nicolas Jullien est un artiste autodidacte qui s'adonne tout à la fois au cinéma, à la sculpture et à la musique. Pour sa première exposition à Slika, il "donne la parole" à quelques chiens, un peu comme Rimbaud invitait à écrire pour les animaux, avec beaucoup de douceur et d'empathie.  Un texte accompagne l'exposition où l'on lit « Je me réveille la nuit / J'ai rêvé d'une forêt / Je suis un peu grogui / J'ai la patte bandée / De fil en aiguille / Je retrouve la clarté / Je m'étais épris / D'une louve égarée / Je l'ai bêtement suivie / À travers la vallée / Sa meute aux regards vifs / M'attendait affamée / Me voyant alangui / Ils m'ont d'un coup croqué / Je me réveille la nuit / J'ai rêvé d'une forêt. » Qui parle ici ? Un chien ou l'artiste ? La vie, certainement, avec ce qu'elle charrie d'espoirs, de désirs et de cruauté.

Nicolas Jullien, « Ni Dieu ni Maîtres »

À la galerie Slika jusqu'au 17 juin


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Une collection béton !