Comprendre l'art africain au Musée des Confluences

Le musée à l'architecture déconstructiviste accueille, jusqu'au 18 février, "Afrique, mille vies d'objets". Ces 230 objets africains, principalement datés du XXe siècle, collectés par le couple d'amateurs et marchands d'arts Ewa et Yves Develon, permettent d'appréhender la création, du point de vue des matériaux, des usages et des créateurs-mêmes.  


Un masque en forme d'antilope avec un nez d'humain et des cornes l'une derrière l'autre, au lieu d'être de chaque côté du masque, (voir ci-dessous), pour évoquer le surnaturel et la complexité des rapports entre le monde civilisé et le monde sauvage, fait partie des 230 objets exposés pour inviter « à découvrir et à comprendre l'art africain », annonce Carole Million, adjointe au responsable des expositions du Musée des Confluences. Afrique, mille vies d'objets s'appuie sur la collection d'Ewa et Yves Develon qui, pendant 50 ans, ont rassemblé environ 300 objets d'art africain provenant essentiellement du Nigéria et du Cameroun. Sur les 230 objets présents, 40 ont déjà été donnés au Musée des Confluences, l'intégralité de la collection lui sera à terme légué.

Masque cimier mangam figurant une antilope, 20e siècle, Nigeria. © musée des Confluences - Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU'
Masque cimier mangam figurant une antilope, 20e siècle, Nigeria. © musée des Confluences - Pierre-Olivier Deschamps / Agence VU'

Apporter un autre regard

Afrique, mille vies d'objets, est conçue pour les visiteurs peu familiers à l'art africain malgré le fait que le parcours soit très peu éclairé. On y découvre tout le processus de création en commençant par les matériaux utilisés. Cela a son importance car l'ivoire, par exemple, signifie la puissance, la force et la stabilité. Il est associé aux puissants.

Les artistes s'inspirent des animaux, bélier, tortue, serpent, caméléon, … mais aussi du surnaturel. Ils créent des êtres hybrides, une antilope au museau d'humain, par exemple, « en intégrant des formes animales à l'univers humain, le sculpteur exprime cette hybridation, la double nature des entités invisibles », peut-on lire sur l'explication accrochée au mur. De quoi être subjugué ou au contraire complétement apeuré par ce que ça peut donner. L'exposition propose également des explications sur l'usage de ces objets : cultes individuels et familiaux, cultes communautaires, initiation, etc. Alors que les noms des sculpteurs sont souvent oubliés, le musée a travaillé avec des historiens pour en retrouver certains. C'est le cas de Lenke, sculpteur d'un masque vertical sukuru qui signifie « vieille femme » ou « femme de la brousse ». 

L'avenir des objets

Le couple d'amateurs d'art a collecté pendant 50 ans, plus de 300 objets d'Afrique subsaharienne, principalement de l'Afrique de l'Ouest. Les 55 pays du continent africain ne sont cependant pas tous présents. Marie Perrier, chargée de collections Afrique et Océanie, indique que cette exposition « n'a pas vocation à représenter tous les pays africains. »

La donation des 40 objets est le premier acte avant de léguer complétement la collection au Musée des Confluences. « Ces objets vont connaître une autre vie, celle d'objet de musée », ajoute Carole Million. Ils vont devenir des objets d'études, de transmission, de restauration et de questionnement. L'exposition s'achève sur ces perspectives.

Afrique, mille vies d'objets
Au Musée des Confluences jusqu'au 18 février


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