Chef de file du renouveau du cinéma allemand des années 1970 avec (notamment) Fassbinder ou Herzog, le cinéaste Wim Wenders a été choisi pour succéder à Tim Burton. Il recevra donc le 15e Prix Lumière vendredi 20 octobre à Lyon.
C'est un Européen convaincu, un amoureux de l'Amérique comme du Japon ; un voyageur et un cinéphile accomplis qui seront distingués en une seule personne cette année. Polyglotte, baby-boomer et créateur de liens entre les cultures, Wim Wenders (qui fêtera ses 78 ans cet été) faisait partie de la liste incontournable des cinéastes à célébrer par un Prix Lumière. Non pas seulement pour son palmarès personnel comptant déjà quelques lauriers prestigieux (Lion d'Or pour L'État des choses en 1982 ; Palme d'Or pour Paris, Texas en 1984 ; Prix de la mise en scène à Cannes en 1987 pour Les Ailes du désir là où une seconde Palme était attendue ; sans compter une foule de récompenses internationales) mais aussi pour sa capacité à se réinventer continûment à travers la fiction ou le documentaire, en expérimentant les techniques nouvelles (petites caméras numériques pour Buena Vista Social Club, 1999 ; stéréoscopie pour Pina, 2011…). Très lié à ses confrères cinéastes (Nicolas Ray est au centre de Nick's Movie, 1980 ; Par-delà les nuages, 1995, est co-signé avec Antonioni), Wenders n'a jamais hésité à les dirigé ni à leur rendre hommage au fil de son œuvre — notamment à Ozu qu'il vénère (voir son pèlerinage dans Tokyo-Ga, 1985).
Ce Prix Lumière sera sans doute l'occasion d'admirer quelques-unes des photographies (Wenders-photographe se trouve d'ailleurs mis à l'honneur cet été lors des Rencontres de la photographie d'Arles avec une exposition autour de ses polaroïds pris sur L'Ami américain, 1977), mais également de découvrir ses deux nouveaux films (une fiction qui vient de rafler le Prix d'interprétation masculine à Cannes, Perfect Days ainsi qu'un un documentaire Anselm) voire son premier long métrage quasi invisible pour des raisons de droit musicaux, Summer in the City, (1970). Ébauche de son cinéma. ce dernier avait cependant été présenté une fois à Lyon à l'automne 1991 à l'occasion d'une rétrospective de Wenders… à l'institut Lumière. Le jeune directeur artistique de l'époque, Thierry Frémaux, avait en effet invité Wenders à faire la couverture du premier programme de la maison, Rue du Premier-Film. Une autre, plus récente, avait été consacrée au printemps 2018 a quelques-uns de ses films fraîchement restaurés. Le Düsseldorfois se sentira d'autant plus à la maison que le fonds Argos (la maison de production d'Anatole Dauman, producteur historique de Wenders) a été déposé à l'Institut Lumière…
15e Festival Lumière, du 14 au 22 octobre dans la Métropole de Lyon