Films sortis en salles la semaine du 5 juillet 2023


À voir

★★★☆☆ Les Filles d'Olfa 

Tunisie, de nos jours. Mère de quatre filles, la dynamique Olfa a en perdu deux, aspirées par le fondamentalisme religieux. Afin de raconter l'histoire de cette femme au caractère bien trempé — non exempte d'ambiguïtés — et reconstituer les événements qui ont conduit à ce drame personnel, la réalisatrice Kaouther Ben Hania a engagé des comédiennes pour suppléer les sœurs restantes. En résulte un objet hybride à la croisée du documentaire et de la fiction…

Chacun reconnaîtra dans le procédé de l'enquête-reconstitution menée par la cinéaste abolissant volontairement les limites entre le film en train de se tourner/la fiction/le making of/le tournage/le hors champ/le documentaire stricto sensu, le tout parmi les protagonistes d'un “fait divers“ authentique la démarche adoptée par Abbas Kiarostami pour Close-up (1990). Le désir de transparence technique se confronte en permanence au mystère des mobiles des protagonistes comme à leurs paradoxes : pourquoi Olfa est-elle tantôt si libérée, tantôt si prude et conservatrice ? Pourquoi ses deux filles ont-elle versé avec une telle facilité dans la religion ? Olfa ne dissimule-t-elle pas derrière sa forfanterie un sentiment de culpabilité ? Au fil de saynètes dévoilant des pans complémentaires de chacune, les portraits se densifient et nuancent les premières impressions. Indubitablement, le procédé fonctionne comme celui documenteur dans Le Challat de Tunis (2014) ou des plans séquences de La Belle et la Meute (2017) — oui, Kaouther Ben Hanna aime les concepts —, mais il n'a pas le privilège de l'originalité.

De Kaouther Ben Hania (Fr., Tun-All.-Ar.-Sa., 1h50) avec Hend Sabri, Olfa Hamrouni, Eya Chikahoui…


★★★☆☆ À contretemps

Avocat très impliqué dans le droit des mal-logés, Rafa en oublierait jusqu'à sa propre famille quand il défend ses clients. À la veille d'une série d'expulsions, il entreprend un marathon administratif escorté (malgré lui) par son beau-fils. Leur chemin croise celui de futures familles à la rue. Et de drames atroces…

Chronique à la Dardenne (mais en langue ibère), ce premier long métrage du comédien Juan Diego Botto entrelaçant plusieurs destinées cabossées par la violente crise immobilière ayant ravagé la société espagnole contemporaine tient à la fois du thriller — course contre la montre oblige — et de la comédie dramatique. Car, entre les incessants allers-retours de Rafa auprès des administrations, des victimes, des membres des associations, il y a tous ces échanges qu'il a avec son beau-fils d'abord furieux d'être piégé dans ce cirque, puis goguenard et enfin acquis à la cause. Haletant autant qu'édifiant (ce scandale des prêts hypothécaires a été une abomination ; il a fallu un soulèvement populaire pour forcer la sphère politique à réagir). Toujours à sa place dans les rôles de type lambda, Luis Tosar fait le job en avocat hâbleur sonnant à toutes les portes pour sauver ses clients de la rue. On a plus de peine à trouver crédible Penélope Cruz dans son emploi de caissière : ce n'est jamais son personnage (Azucena) que l'on voit mais la-star-tentant-de-se-faire-passer-pour… Quand la notoriété sabote le métier…

De Juan Diego Botto (Esp., 1h43) avec Luis Tosar, Penélope Cruz, Juan Diego Botto…


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