Films sortis en salles la semaine du 23 août 2023


À voir

★★★☆☆ Anatomie d'une chute 

Autrice à succès, Sandra vit avec son mari Samuel et leur fils handicapé visuel dans un chalet de montagne. Quand le corps de Samuel est retrouvé écrasé au pied de la maison, la piste du meurtre est envisagée du fait des rapports tendus entre les époux. Un long combat judiciaire s'engage…

Interroger ce que l'on a vu et ce que l'on n'a pu voir ; disséquer ce qui a été dit comme ce qui s'est tu ; prêter des intentions et établir des conjectures… Ces quelques phrases condensent le principe d'une enquête puis d'un procès ; Anatomie d'une chute les illustre en chamboulant les perceptions : il donne en effet à voir les sons (en nous permettant d'assister à des flash-backs ou grâce aux sous-titres traduisant l'allemand ou l'anglais parlé dans le film) ; nous fait imaginer des hypothèses contradictoires d'autant plus crédibles qu'un lourd passif pèse entre Sandra et Samuel. Et que le ou les mobiles sont assénés avec une redoutable conviction par l'avocat général (Antoine Reinartz, méconnaissable et prodigieux de férocité), contribuant à instiller un doute d'une rare épaisseur. La mécanique judiciaire en devient hypnotique, l'issue ressemblant à la magnifique incertitude finale de Match Point de Woody Allen. Il y a ici la tension dramatique qui faisait si cruellement défaut à Saint Omer d'Alice Diop — sans doute parce qu'ici la réalisation tente de capter quelque chose au-delà de l'audiences en filmant une audience. Nous reviendrons évidemment plus en détails sur cette Palme d'Or über grenobloise lors de sa sortie…

De Justine Triet (Fr., 2h30) avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner…


À la rigueur

★★☆☆☆La Guerre des dieux - New Gods : Yang Jian 

Dieu jadis respecté, Yang Jian a perdu de sa superbe (et des pouvoirs) après un drame familial l'ayant conduit à emprisonner sa sœur dans une montagne. Devenu chasseur de primes, il est engagé pour récupérer un fugitif ayant (découvrira-t-il) un lien avec son  passé mais aussi avec l'équilibre du monde…

Pour comprendre les grandes lignes de l'intrigue, il n'est heureusement pas nécessaire d'avoir vu le précédent film d'animation signé Ji Zhao : censé être l'opus fondateur d'une saga centrée sur les dieux chinois, New Gods: Nezha Reborn (2021) n'a en effet pas eu la chance de sortir sur grand écran, à la différence de sa précédente réalisation, White Snake (2019). Revisitant la mythologie chinoise à la manière vaguement galacto-steampunk — entre Ulysse 31 et Les Chevaliers du Zodiaque, mais en plus costaud esthétiquement — Ji Zhao continue d'avancer ses pions sur la scène de l'animation internationale avec ses films à bien des égards hybrides. Les histoires et les faciès conservent ici des traits asiatiques mais en se conformant au globish produit par les studios occidentaux lorsqu'ils recyclent les contes et légendes nordiques (voir Dragons) ou de l'heroic fantasy. Si le résultat s'avère visuellement satisfaisant, parfois impressionnant, La Guerre des dieux est cependant pénalisé par une inconstance dans le rendu de quelques personnages, ainsi que par la nébulosité de certaines ramifications superflues.

De Ji Zhao (Chi., 2h08) Animation


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