Foncer dans Sens interdits

Du 14 au 28 octobre, le festival Sens interdits consacré au théâtre de l'urgence revient. Les guerres d'aujourd'hui sont au cœur des spectacles programmés, l'Afrique avec des artistes maliens, camerounais, rwandais aussi. La Palestine et un focus créole complètent cette 8e édition, qui s'annonce comme les précédentes, intransigeante et galvanisante


On l'avait laissé du côté des Ateliers Frappaz à Villeurbanne en 2017, il va revenir au théâtre de la Renaissance et au Toboggan. Zora Snake, ce danseur, chorégraphe, et performeur camerounais, venu du hip-hop, incarne le festival autant que les immenses metteurs en scène stars qui seront aussi là, Milo Rau et Ivan Viripaev en tête. Dans deux spectacles (un solo de 30 min, L'Opéra du villageois et sa toute récente création, Shadow Survivors), il va faire connaitre les danses de son histoire comme le kounga, le nka'a et interroger les pratiques et les œuvres spoliées par la colonisation puis dire comment une société civile se débrouille avec une histoire incomplète. Les stigmates profonds de la colonisation sont un des leitmotivs de ce festival, n'en déplaise à ceux qui veulent encore se prosterner devant des statues. Le théâtre permet de mieux les voir. Les colonies d'aujourd'hui seront aussi présentes dans trois pièces venues de Palestine dont celle d'un combattant de l'armée palestinienne devenu artiste, Ahmed Tobasi (And here I am, au TNG).

Ce festival sera aussi paritaire puisque « là où il y a urgence et grandes souffrances, ce sont les femmes qui sont debout » analyse Patrick Penot, ce sont elles qui portent en grandes partie le focus sur la Martinique, la Guadeloupe et La Réunion. Mais aussi, pour les fidèles de ce rendez-vous, une parole sur le Liban et la Russie, respectivement par Christèle Khodr et Tatiana Frolova désormais réfugiée politique avec son théâtre sibérien du Knam. Durant dix représentations, elle dira ce que c'est que d'emmener sa vie dans une valise de 23 kg (Nous ne sommes plus…). Et la crème du théâtre européen est là : Viripaev au TNP pour dire ce qu'est le régime de Loukachenko en Biélorussie et (1, 8 m²) maintenant que ce Russe est devenu Polonais et Milo Rau pour des Antigone qui luttent pour préserver l'Amazonie. Impossible cependant de faire le tour de ce festival dont l'action culturelle est aussi de très haut vol.

V.O.

Au total, 44 représentations (contre 62 en 2021) et cinq spectacles ne bénéficient que d'une seule représentation. « C'est ça la politique de Laurent Wauquiez » fustigeait Patrick Penot en juin dernier. Les sommes de 30 000€ les années paires et 50 000€ les années impaires ont été réduites à zéro. Les trois autres partenaires (Ville, Métropole, Etat) ont ensemble proposé une Convention pluriannuelle d'objectif pour trois ans afin de pallier cette fragilité. Et que le festival continue après que Patrick Penot, bénévole dans ce rôle, ait lâché les rênes fin 2024.

Festival Sens interdits, du 14 au 28 octobre, aux Célestins, TNP, Point du Jour, TNG, Ciel…


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