Dix spectacles de danse à voir cette saison

Pièces de répertoire, créations, pièces contemporaines récentes… Voici notre sélection de dix spectacles de danse (hors Biennale) à ne pas rater.


Maguy Marin

Chorégraphe engagée et aux formes esthétiques toujours inattendues, Maguy Marin présentera, à la Maison de la danse, sa nouvelle création dont on ne connaît à ce jour ni le titre ni guère le contenu. Comme à son habitude, Maguy Marin a travaillé au départ à partir de lectures partagées avec ses danseurs (ici Bertold Brecht surtout), puis au plateau avec une grande sensibilité à l'actualité et aux enjeux socio-économiques contemporains. Plus que de la danse à proprement parler, Maguy Marin proposera, avec sept interprètes, des tableaux, des situations, des actions engageant le corps autant que l'imaginaire et la pensée.

Création Maguy Marin, Maison de la danse, du 8 au 10 novembre
Et aussi reprise de Nocturnes, Ramdam, les 19 et 20 septembre

 

Marcos Morau

Né en Espagne, Marcos Morau a déjà plus de vingt-cinq pièces à son actif qui explorent l'inconscient et les parties irrationnelles de la condition humaine. Avec le Ballet de l'Opéra, Marcos Morau s'empare du célèbre ballet de Tchaïkovski, La Belle au bois dormant, pour le plonger, le déconstruire et le distiller dans son propre univers. Un univers que l'on sait particulièrement froid d'apparence mais où l'intensité et la sauvagerie sourdent toujours. Sa gestuelle ciselée, voire clinique, confronte la géométrie et l'abstraction à l'organique, la narration aux peurs et aux angoisses. Le chorégraphe compose des images peuplées de fantômes, traversées de flashs de lumière blanche, qui versent souvent dans l'inquiétante étrangeté…

Marcos Morau, La Belle au bois dormant, Opéra, du 12 au 19 novembre

 

Trisha Brown

Grande figure de la Post modern dance américaine, Trisha Brown est décédée en 2017. Elle laisse derrière elle un grand nombre de pièces marquées par l'abstraction non narrative du mouvement et un sens fascinant de la liberté et de la légèreté. La Trisha Brown Dance Company viendra à Lyon présenter deux de ses pièces : For M.G. : the movie (1991) et Working Title (1985). Et invite le chorégraphe français Noé Soulier à créer une pièce avec cette compagnie prestigieuse, Noé Soulier qui a pu écrire : « mon approche du mouvement porte la marque de celle de Trisha Brown. Même par ce qui la distingue, elle entre en dialogue avec l'incroyable renouvellement du champ chorégraphique qu'elle aura contribué à provoquer ».

Trisha Brown Dance Company, Maison de la danse, les 24 et 25 novembre

 

François Chaignaud

Chorégraphe, chanteur, écrivain, danseur, François Chaignaud (né à Rennes en 1983) signe depuis le début des années 2000 (en collaboration souvent avec Cécilia Bengolea) quelques-unes des pièces les plus surprenantes ou provocatrices de la scène française ! Son dernier projet, Tumulus, est le fruit d'une collaboration avec le musicien Geoffroy Jourdain, directeur de l'ensemble vocal Les Cris de Paris. « À la fois tombe et paysage, ce tumulus est au cœur de la scène, traversé par une communauté d'artistes célébrant la vie dans une cérémonie solennelle ou joueuse, vêtue de costumes changeants qui transcendent leur métamorphose » écrit le chorégraphe. On y entendra aussi bien des chants polyphoniques de la Renaissance que des œuvres contemporaines.

François Chaignaud et Geoffroy Jourdain, Tumulus, Maison de la danse, du 18 au 20 janvier

 

Mathilde Monnier

Figure du renouveau de la danse française dans les années 1980, Mathilde Monnier (née en 1959) a aujourd'hui à son actif pas moins de 40 pièces ! Et beaucoup d'entre elles ont été des incursions et des échanges avec d'autres champs disciplinaires : elle a ainsi collaboré avec le philosophe Jean-Luc Nancy, l'écrivaine Christine Angot, le musicien Philippe Katerine… Sa nouvelle pièce Black Lights créée à Montpellier en juin dernier s'inscrit dans cette lignée. Inspiré de faits réels, Black Lights est un spectacle-série-manifeste qui rend compte des violences faites aux femmes au quotidien. Cette pièce s'appuie sur une série intitulée H24 diffusée sur ARTE en 2021, qui met en image 24 courtes histoires de situations de violences quotidiennes faite aux femmes. Mathilde Monnier en a retenu 11 qui seront portées par la voix et le corps de huit interprètes.

Mathilde Monnier, Black Lights, Les Subs, du 20 au 23 mars

 

Jan Martens 

Né en 1984 en Belgique, le chorégraphe Jan Martens est l'une des figures très reconnues de la danse flamande qui en compte tant ! Son œuvre débute en 2010 et est marquée par une démarche originale : non pas imprimer aux corps une gestuelle et un univers imaginaire, mais partir de la vie quotidienne, du réel des gestes et des mouvements. En 2021, au Festival d'Avignon, il enthousiasme le public avec Any Attempt Will End in Crushed Bodies and Shattered Bones, directement inspiré par les manifestations pour la défense du climat, les Black Lives Matter et le mouvement des Gilets jaunes. Artiste associé à la Maison de la danse, il présente cette saison sa dernière pièce pour six interprètes à partir d'un nouveau matériau dans son univers : celui de la voix.

Jan Martens, Voice Noise parts 17&18, Maison de la danse, du 27 au 29 mars

 

Dominique Bagouet

Disparu prématurément à 41 ans, Dominique Bagouet (1951-1992) a insufflé à la danse française un grand courant de fraîcheur et d'inventivité : sa gestuelle à nulle autre pareille entremêle virtuosité, bizarrerie, humour, légèreté, fluidité… Catherine Legrand, ancienne interprète pour Dominique Bagouet, a recréé en 2020 sa toute dernière pièce So Schnell (1990), véritable ode à la joie de danser pour douze interprètes, sur une cantate de Bach. Elle en a éliminé la scénographie pop-art un peu datée pour n'en retenir que la pureté et l'énergie du mouvement.

Dominique Bagouet/Catherine Legrand, So Schnell, Maison de la danse, du 9 au 11 avril

 

Merce Cunnigham

Il y a quelque chose de fascinant chez Merce Cunningham (1919-2009) et qui découle d'un apparent paradoxe. Chantre du hasard et de la liberté, le chorégraphe était aussi d'une exigence inouïe, voire draconienne, quant à la précision des mouvements. Chez lui, il est possible à la fois de tirer des séquences et des mouvements à coups de dés, et de défier les capacités techniques et virtuoses des danseurs ! Le Ballet de l'Opéra reprend deux grandes pièces de Cunningham datant des années 1990 : Beach Birds sur une musique de John Cage et relevant de l'univers visuel des manchots, et BIPED (qui entre pour l'occasion au répertoire du Ballet) sur une musique de Gavin Bryars et fruit de l'utilisation d'un logiciel informatique générant des séquences de mouvement.

Merce Cunningham, Beach Birds + BIPED, Opéra de Lyon, du 16 au 21 avril

 

Hofesh Shechter

Né à Jérusalem en 1975, formé à la Batsheva Dance Company, Hofesh Shechter s'est installé à Londres en 2003 et, depuis, a multiplié des créations virtuoses et sur-vitaminées, évoquant des ambiances urbaines contemporaines. La compagnie suèdoise GöteborgsOperans a invité le chorégraphe star à créer une pièce avec seize de ses danseurs. Hofesh Shechter y déploie une écriture complexe portée par l'énergie du groupe où, dans un mouvement perpétuel, les corps cherchent des sensations extrêmes, laissant éclater des duos et solos empreints de fluidité et de puissance rythmique. Le programme de la soirée sera complété par une création de Sharon Eyal, lui aussi formé à la Batsheva.

GöteborgsOperans Danskompani, Hofesh Shechter + Sharon Eyal, Maison de la danse, du 14 au 18 mai

 

Régine Chopinot

Remplaçant « Sens dessus dessous », le 8e Festival, imaginé par le nouveau directeur de la Maison de la danse Tiago Guedes, tisse des liens avec l'espace public du 8e arrondissement pendant 8 jours. On pourra y découvrir ou redécouvrir des artistes comme le chorégraphe protéiforme Mehdi Kerkouche ou le chorégraphe lyonnais, espiègle et narratif, Denis Plassard… On y retrouvera aussi l'une des grandes figures de la danse française des années 1980, Régine Chopinot. Sa pièce récente Top (2022) pour sept danseurs et deux musiciens (un guitariste et un batteur), se veut une pure débauche de mouvement et de frénésie sur des rythmes effrénés et des riffs de guitare galvanisants.

Régine Chopinot, Top, Maison de la danse, les 28 et 29 mais. Dans le cadre du 8e Festival du 21 au 29 mai

 


<< article précédent
Junk : cookies et burgers minimalistes