Fabien Hyvernaud : « Le futur Ninkasi : un des plus beaux clubs de France ».

La saison à peine entamée – et entamée en pleine bourre le concernant – le Ninkasi ferme ses portes dès le 5 novembre, après une grosse fête de clôture. Suivront 20 mois de travaux pour un Ninkasi Gerland new look et une nouvelle salle à La Saulaie (Oullins) remplaçant numériquement un Kao qui vit ses dernières heures. Fabien Hyvernaud, directeur général de Ninkasi Musiques, nous explique en détails le grand chambardement à venir.


C'est une année charnière pour le Ninkasi, avec le début des travaux du Ninkasi Gerland, la fermeture du Kao, la future salle de la Saulaie. Quel est la teneur de ce projet ?

Fabien Hyvernaud : C'est un projet qui est dans les tuyaux depuis un moment, celui de vendre le site à un promoteur, Promoval. On entame une phase de travaux de 20 mois pour un projet immobilier qui s'appelle Combo et qui inclut tout le Ninkasi Gerland. On va refaire le Ninkasi Kafé dans une configuration totalement différente. Il y aura toujours une salle de 300 places mais dans une autre configuration et avec un nouveau système de son. La salle sera séparée de la partie restauration pour améliorer la cohabitation ; ce sera une boîte dans la boîte, fermée, accessible par un sas. Le but c'est de faire un des plus beaux clubs de France en accès libre. Donc ça ne change pas tellement, il faudra juste être patient pendant 20 mois. Et puis on retrouvera l'activité restauration et bar au rez-de-chaussée et à l'étage. Au-dessus de nous, il y aura des bureaux et, à la place du Kao, il y aura des habitations. À la Saulaie, ce serait à une échéance plus longue, entre les dépôts de permis, les formalités administratives, on est plutôt sur 2027. Pendant ce temps-là, on ne va pas rien faire : on travaille sur une préfiguration du tiers lieu de la Saulaie, car ce n'est pas un Ninkasi mais un tiers lieu avec plusieurs entités comme Nomad Kitchen, Mediatone... On sera un peu en coloc' sur une salle de 800 places qui sera l'équivalent du Kao. On a enclenché tout un travail de gouvernance, un travail budgétaire etc.

Quelques mots sur cette préfiguration...

Le projet de préfiguration est écrit et est entre nos mains et celles des institutions. C'est un projet d'ampleur qui s'inscrit en résonance avec ce qui va exister aux Grandes Locos et très ancré territorialement puisqu'on va faire un gros travail de co-construction avec les associations locales d'Oullins, notamment de la Saulaie, sur beaucoup d'activités qui sortiront du cadre des concerts. C'est un espace plein air, très nature, sur lequel on pourra travailler avec des assos sportives. On a de la place pour ça. Le but c'est aussi de garder un trait d'union de résidences qui existent déjà au Kafé et qui seront un peu orphelines avec la reconstruction : les résidences swing, maloya, soul... Et puis il y a la Fête de l'Iris, le festival de Big Band, des événements oullinois avec lesquels on va entrer en résonance. Ce sont des gens avec lesquels on discute déjà. C'est un projet qui se déroulerait entre fin avril et mi-juillet 2024.

En tant que directeur général de Ninkasi Musiques, programmateur de l'ensemble du réseau, quel impact cela a sur ton travail immédiat et à plus long terme ?

J'apprends plein de choses nouvelles, parce que je suis toujours allé dans des salles déjà existantes, le Ninkasi, le Sucre. Je n'ai jamais créé de salle et j'apprends de nouveaux métiers, un nouveau vocabulaire, aussi. Je dois avouer aussi que cette année, on a programmé sur le réseau des Ninkasi français (26 établissements) pas loin de 1900 dates sur la saison. D'avoir une petite aération dans l'agenda pour créer de nouvelles choses et réfléchir à de nouvelles propositions culturelles qui changent un peu du 100% concerts, c'est quand même hyper intéressant. Evidemment, on va faire plein de bêtises qui vont me permettre d'apprendre plein de trucs, mais c'est le but. Entre le Kafé où on a une date tous les jours, le Kao tous les deux jours, sans compter la programmation des autres enseignes, avoir le temps de penser et de créer, ça manquait peut-être un peu dans mon agenda.

Quelles sont les émotions à l'œuvre pour la fermeture du Kao, pilier musical du Ninkasi Gerland et même du réseau ?

Alors ce qui est bien c'est qu'on a quelque chose qui se profile derrière, ce n'est pas une fermeture sèche. C'est surtout une page qui se tourne mais c'est aussi un annuaire qui s'ouvre. On n'a jamais été avare en projets, on a ouvert récemment une deuxième usine de bière alors casser une salle de concerts, ça va être triste, oui, on va pleurer dans la bière, mais c'est aussi un moment pour rebattre les cartes tout en gardant le socle de notre projet culturel : l'accompagnement des artistes de la région. On garde notre pépinière d'artistes sur laquelle on va se concentrer un peu plus pendant une période assez longue. Et puis on va continuer à faire vivre les autres établissements. Mais c'est certain que le 4 novembre, ça va être un peu chargé d'émotions. Pour les gens qui ont créé le lieu, les artistes, les Djs, les employés. L'avenir en tout cas n'en sera que plus beau.

Que devient le Ninkasi Musik Lab ?

Comme on s'entend tous très bien à Lyon, on va retrouver des résidences chez les copains du Transbo, du Périscope, du Marché Gare, des Subs. Je ne voulais pas trop faire de la production de dates hors-les-murs, parce que c'est très épuisant et que notre projet culturel est très lié à nos lieux, mais par contre ce qui était certain c'est que le Ninkasi Musik Lab doit continuer à vivre et sortir un peu de Gerland. Ça va être très intéressant, ne serait-ce que pour voir si le public suit.

Quelles seront les festivités de clôture ?

On a une grosse densité de dates au Kao jusqu'au 3 novembre. Je crois que c'est un des plus gros mois d'octobre qu'on ait jamais fait. On a des résidences qui ne sont pas publiques mais on doit avoir trois jours de fermeture seulement sur le mois. Il y a la clôture du Ninkasi Musik Lab avec Groumpf, on a Alta, Jay Jay Johanson, pas mal de metal, on fait une prod avec Fishbone, qui sera sans doute la dernière prod Ninkasi au Kao. Et puis de la musique urbaine : Nneka, Lord Esperanza, Zed Yun Pavarotti. Ensuite, la grosse teuf, c'est le 4 novembre, et là j'ai pris le parti de pousser le fader de la nostalgie à fond. Au Kafé, de midi jusqu'à l'aube, on aura une grosse partie des anciens comme les DJ qui ont été en résidence au Kafé depuis 1997. Il y aura pas mal de vieilles gloires, avec une grosse scénographie et, bien sûr, notre résidente historique Maggy Smiss et plein d'anciens qui n'ont pas touché de platines depuis des siècles. Au Kao, on ressort la soirée culte techno-rétro qui s'appelait Déstructuré, l'ancêtre des soirées techno dans les salles de concert, avec Extrawelt, Time Loop Control. Le 5 on dort, et le 6 c'est le premier coup de pioche. Ça va être long mais ça va être cool.

La Closing du Ninkasi Gerland, samedi 4 novembre au Kafé et au Kao.

 

 

 

 


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