La Part-Dieu : une gare… de vélos !

Même si comme l'a rappelé le maire de Lyon Grégory Doucet, « la marche est la première des mobilités et qu'il faut l'encourager avec toujours plus de bancs, d'arbres, de fontaines et de sécurité », le vélo est le mode de transport que le double exécutif vert de Lyon et la Métropole ne cesse de promouvoir. Après la mise en place de « voies lyonnaises » (cyclables), voici que la Part-Dieu se dote de parkings gratuits et sécurisés : 214 places dans la gare déjà disponibles et, dans un an, 1300 sous la place Béraudier. Visites.


Les travaux ne cessent jamais pour faciliter la vie des cyclistes. Il suffit de monter sur sa bécane pour s'en rendre compte. Le sens sud-nord le long de la Saône côtés 2e et 1er arrondissements est enfin faisable en toute sécurité ; longer les berges du Rhône coté 7e est devenu un jeu d'enfant, sauf aux heures de pointe – c'est de loin le tronçon le plus utilisé en 2023 avec déjà 2, 4 millions de déplacements enregistrés. Le pont Lafayette, le plus emprunté de la ville par les vélos à raison de 7000 passages par jour, a connu d'importants travaux cet été afin de sécuriser les cyclistes et les piétons dans leurs déplacements en élargissant les trottoirs et séparant clairement les espaces entre chacun des modes et en créant de vraies pistes cyclables. Sur la rivière, entre Bellecour et Saint-Jean, le pont Bonaparte est en travaux jusqu'en décembre pour l'aménagement notamment de la Voie Lyonnaise n° 12 (Lyon/Saint-Priest). Pour inciter les habitant·es à emprunter les 200 km des 12 pistes cyclables (dites "voies lyonnaises"), il faut désormais sécuriser les arrêts. « Les vols de vélos sont beaucoup trop nombreux, il n'est pas normal qu'on ne puisse pas retrouver le sien » disait en substance Bruno Bernard le 14 septembre lors de l'inauguration du Park vélo de la Villette de la gare de la Part-Dieu.

Sécuriser les trajets

Au sein de la première gare de transit européenne et ses 130 000 voyageurs quotidiens, dans la nouvelle galerie dite des services (coté Villette), jouxtant la salle d'attente, 214 places (et 4 de vélo-cargo) sont disponibles gratuitement à condition de posséder une carte Técély ou Oùra en cours de validité et de s'être inscrit sur Toodego. Il n'y a alors plus qu'à bipper pour ouvrir la porte aux horaires d'ouverture de la gare (4h50 à 00h45), poser son vélo sur un rack au sol ou en hauteur, l'attacher avec son cadenas et basta. Le stationnement peut durer 14 jours consécutifs maximum. En service depuis le 28 août, ce service, qui n'était pas prévu dans les travaux initiaux de la gare – ce sont les citoyen·nes qui, au cours de l'enquête publique, l'ont souhaitée – a déjà enregistré 450 inscriptions. À l'extérieur, en plein air cette-fois et en accès libre permanent, plusieurs dizaines d'arceaux ont été installés, sous vidéo-surveillance. La loi d'orientation des mobilités de 2019, qui oblige à faciliter l'intermodalité, prend donc forme. Reste à ce que ce soit plus simple de grimper dans un train avec son vélo, ce qui reste un parcours du combattant faute de wagons dédiés comme le racontait récemment un article paru dans Le Monde – ceci est un autre débat.

Sécuriser le stationnement

Mais le clou de ces parkings à vélo se trouve sous la place Béraudier entre la gare et la bibliothèque. Elle sera inaugurée en juin 2025. Mais dès novembre 2024, c'est la place "basse" (7 m sous terre) qui sera utilisable. Sous sa surface, se construit une rampe circulaire de 4 m de large, 80 de long et une pente pas trop forte à 5, 8 % - il s'agit certes de descendre depuis le boulevard Vivier-Merle mais aussi de remonter – qui conduit à une station-vélo de 1300 places et 2400 m² sur deux niveaux. Les 11 tronçons ont été fabriqués à Mazamet par l'entreprise Cabrol et boulonnés de nuit fin août. Au cœur de cette piste, avec garde-corps en verre, vont se dresser des arbres dépassant sur la place. Juste à côté, une autre trouée va bientôt être dotée d'une coupole en inox recouverte d'une plaque de verre inclinée. Au-dessous : des escalators pour rejoindre le métro. Et dans ces sous-sols, tout communique vers les trains bien sûr mais aussi vers la station de taxis, un dépose-minute de voitures et des magasins dont deux sont réservés au commerce et à la réparation de vélo.

Tout cela est « un enjeu de pollution et de santé publique » rappelle le président de la Métropole sans opposer les modes de transports car « on en utilise différents durant une journée » et en veillant à ce que « les piétons ne soient pas gênés par les vélos ».

Au-delà de sa fonction, cette station-vélo est un des maillons de la restructuration de ce quartier qui va trouver une unité inédite. L'architecte Charles Delfante, qui l'a pensé, a toujours souhaité y inclure une gare mais l'Etat trainait des pieds et ce sont les Brotteaux qui abritaient encore les trains lorsqu'est inauguré l'Auditorium en 1975, un des bâtiments phare de la Part-Dieu. « Le quartier s'est construit sans anticiper l'arrivée sans cesse repoussée de la gare de la Part-Dieu et s'est donc tourné de l'autre côté, vers l'ouest – l'entrée de la bibliothèque se faisait face au centre commercial [NDLR la percée face gare date de 2007] explique Florent Saint Fare Garnot, directeur de la SPL Lyon Part-Dieu. Quand l'Etat décide de créer une LGV Paris-Lyon en 1983 et engendre la création de cette nouvelle gare, elle tourne le dos à ce nouvel ensemble déjà construit. La logique est aujourd'hui totalement inversée. Les flux des voyageurs vont être extrêmement simples et fluides, c'est le premier enjeu de ces transformations ». Et de la plus grande station-vélo de la Métropole.

 

Park vélo'v Villette

Dans la gare de la Part-Dieu


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La nouvelle saison de l’Auditorium